Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Antoine Félix Abdoulaye Diome, a annoncé par le biais d’un communiqué de presse la dissolution du parti Pastef/Les Patriotes, suite à des événements constituant un sérieux et permanent manquement aux obligations des partis politiques. Cette décision a été prise en conformité avec l’article 4 de la Constitution et l’article 4 de la loi n° 81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989. Le décret présidentiel N° 2023-1407, signé le 31 juillet 2023, officialise cette dissolution. Cette mesure aura des conséquences significatives sur la vie politique de la formation politique d’Ousmane Sonko, qui a été inculpé et placé en détention préventive ce vendredi.
Questionné à propos de cette situation, Ababacar Fall, le Secrétaire général du Groupe de recherches et d’appui à la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec), la qualifie de « plutôt inhabituelle ». Il poursuit en déclarant : « Pour l’instant, je ne peux pas anticiper les développements futurs, il serait peut-être préférable d’observer comment les événements évoluent. »
Suite à la décision présidentielle, les élus de ‘’Pastef’’ maintiennent leur mandat, mais cette décision a des conséquences importantes pour l’avenir politique du parti. Selon des experts électoraux, la première conséquence majeure est que Pastef ne pourra pas présenter de candidat à l’élection présidentielle prévue pour le 25 février 2024. Cela signifie que si Ousmane Sonko & Cie souhaitent participer à cette échéance cruciale, ils devront trouver une alternative en se faisant soutenir par un autre parti légalement constitué ou en optant pour une candidature indépendante. Sans cela, leur candidature risque d’être purement et simplement rejetée par le Conseil constitutionnel. En conséquence, même si leur candidat parvenait à remporter l’élection présidentielle, il ne sera pas reconnu comme étant affilié à Pastef, puisque ce parti n’existe plus légalement.
Cependant, la situation est différente pour les députés, maires et conseillers municipaux qui ont été élus sous la bannière de la coalition Yewwi Askan wi. Selon les interlocuteurs, ils ne devraient normalement pas être destitués de leurs mandats, car ces derniers ont été acquis en tant que membres de la coalition et non directement au nom de Pastef. Cela leur offre une certaine stabilité politique et un maintien dans leurs fonctions électives.
La décision présidentielle a donc un impact significatif sur l’avenir politique de Pastef en tant que parti et sur la participation potentielle d’Ousmane Sonko & Cie à l’élection présidentielle à venir. Elle marque également la nécessité pour les élus de Pastef de trouver des alternatives stratégiques pour maintenir leur présence et leur influence dans le paysage politique s’ils souhaitent continuer à œuvrer pour leurs idéaux et leurs projets.
Suite à la dissolution du parti Pastef, le député de Yewwi Askan Wi, Cheikh Thioro Mbacké, a exprimé ses préoccupations en affirmant que les véritables priorités résident ailleurs. Il appelle à ne pas se laisser distraire et insiste sur la libération immédiate du président Ousmane Sonko et de tous les détenus politiques, considérant que tout le reste n’est que diversion. Il soutient ainsi la continuité de la résistance.
En opposition, du côté de la majorité, l’opinion diffère. Selon Seydou Guèye, porte-parole de l’Apr, la dissolution du Pastef s’inscrit dans l’ordre normal des choses, car la Constitution prévoit le principe de liberté de constitution des partis politiques avec un cadre juridique spécifique. Il défend l’idée que les partis politiques jouent un rôle fondamental dans la démocratie, en portant des opinions construites, des ambitions, et en formant des citoyens. Pour lui, cette décision de dissolution n’affaiblit pas la démocratie, car les partis politiques restent des acteurs essentiels du processus démocratique.
SARA JUPITER Senegal7
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