En tant que journaliste et observatrice attentif de notre paysage médiatique, je ne peux m’empêcher de constater une inquiétante tendance qui se développe au Sénégal : celle des politiciens endossant le rôle de patrons de médias. Ce phénomène, loin d’être anodin, soulève des questions fondamentales sur l’indépendance de l’information et le danger de la concentration du pouvoir médiatique et politique entre les mêmes mains. Le Dièse voit avec une certaine appréhension ces figures politiques, qui détiennent déjà une influence considérable, se doter d’un autre levier de pouvoir en contrôlant des journaux, des chaînes de télévision, ou des plateformes numériques. Ce double rôle n’est pas seulement un conflit d’intérêts potentiel, il est aussi une arme redoutable.
Ces politiciens-médias peuvent orienter l’opinion publique à leur avantage, utiliser leurs médias comme instruments d’attaque contre leurs adversaires, et manipuler l’information pour servir leurs ambitions personnelles. Cette réalité pose un problème éthique majeur, car l’information, qui devrait être un bien public impartial, devient alors un outil de propagande.
Il est également préoccupant de constater que certains de ces politiciens utilisent leur contrôle des médias pour étouffer les voix dissidentes et modeler la narration nationale selon leurs propres intérêts. Nous avons tous vu ces moments où des émissions sont abruptement interrompues, où des journalistes sont muselés… Cette censure insidieuse érode la confiance du public dans les médias et compromet gravement la liberté d’expression, un pilier essentiel de toute démocratie.
En tant que citoyen et membre de cette société, je suis profondément préoccupé par les conséquences à long terme de cette dynamique. L’information devient une monnaie d’échange entre les mains de quelques-uns, alors qu’elle devrait rester un vecteur de vérité et d’objectivité. Si nous laissons cette concentration de pouvoir se poursuivre, nous risquons de perdre ce qui reste de notre espace médiatique libre et pluraliste.
Il est urgent que nous, en tant que société, prenions conscience de cette menace et agissions pour y remédier. Il est crucial d’établir des régulations claires pour empêcher la concentration excessive des médias entre les mains de politiciens. Nous devons promouvoir une presse indépendante, capable de résister aux pressions politiques et économiques, et encourager une culture de la transparence et de la responsabilité.
Nous devons in fine, veiller à ce que nos médias restent des bastions de la vérité et de l’objectivité, plutôt que des outils de manipulation politique. Car c’est seulement avec une presse libre et indépendante que nous pourrons garantir un débat public sain et une démocratie véritablement participative.
Sara Jupiter, Senegal7
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