Dissolution de l’Assemblée : Pour se taper une majorité « mécanique » jadis décriée ?

Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, pourrait signer dans les toutes prochaines heures, la dissolution de l’assemblée nationale. Prérogative que lui confère  l’article 87 de la Constitution du Sénégal. Mais déjà, les langues se délient prestement sur la quintessence d’une telle option  quand bien même fondée. 

Que chercherait le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye en procédant à la dissolution  de la 14e législature : une majorité « mécanique », confortable ou relative, pour faire passer comme lettre à la poste tous ses projets de lois et autres projets de budget  ? On ne saurait répondre de but-en-blanc à cette question. Mais la réponse fournie par le locataire du Palais de Roume, lors de sa toute première rencontre avec la presse nationale, lève un coin du voile sur les velléités de dissolution de l’Institution parlementaire. « Nous n’avons pas encore une majorité qualifiée à l’assemblée nationale. Donc, si nous nous attaquons au processus – de suppression du Hcct et du Cese -, nous n’aurons pas gain de cause« , avait-il répondu à une question d’une journaliste. L’histoire récente semble à l’évidence lui avoir donné raison puisque près de deux mois après, il a tenté de supprimer les institutions en question et a fini par enregistrer son tout premier revers face à Benno Bokk Yaakaar (Bby), majoritaire au sein du parlement.

Sauf que, faudrait-il le rappeler, les tenants actuels du pouvoir ont toujours mal perçu cette majorité de Benno Bokk Yaakaar (Bby) à telle enseigne qu’ils la qualifiaient de « mécanique » ou de « polluante ».

Il y a quatre ans, les députés du Groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (Bby) quittaient la salle de l’hémicycle pour boycotter le prise de parole d’Ousmane Sonko, autrefois député non-inscrit au sein de la 13e législature. « Vous me facilitez la tache parce que je n’étais pas venu pour parler à une majorité transparente qui ne comprend rien des enjeux. L’air est moins polluante quand nous avons une salle dépouillée de cette majorité qui ne comprend rien aux enjeux« , avait lâché, en réaction, l’actuel Premier ministre du Sénégal alors opposant. En 2018, M. Sonko se plaignait également du comportement de la majorité mécanique lorsqu’il s’était agi d’examiner entre autres, un projet de modification de la loi sur les Bureaux d’information sur le Crédit (BIC).

Diantre ! Qu’est-ce qui a changé pour que les mêmes hommes tablent aujourd’hui sur une majorité pour disent-ils, mieux gouverner le pays ? Tel un leitmotiv, certains caciques du nouveau régime se passent  l’expression : « On ne peut pas gouverner sans majorité à l’assemblée« .

Quelques questions nous taraudent cependant l’esprit : comment voudraient-ils que leurs prédécesseurs puissent gouverner hier, sans cette majorité qu’ils qualifiaient de « mécanique » qui hante aujourd’hui leur sommeil  ? Ou alors les critiques d’hier ne procèdent-elles pas   d’un populisme exacerbé ?

En tout état de cause, la balle est dans le camp du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye à qui, rien n’empêcherait d’exercer, à partir de ce 12 septembre, sa prérogative constitutionnelle pour dissoudre l’assemblée nationale. Mais à quel prix, serons-nous tenté de nous interroger ?

Dissoudre la 14e législature est une chose mais pouvoir organiser les élections législatives, conformément aux dispositions de l’article 87 de la Constitution, qui prévoient 60 jours au moins et 90 au plus, en rapport avec l’article 57 du Code électoral, qui prévoit entre 90 jours et 150 pour le parrainage, en est une autre.

A suivre…

Birama Thior – Senegal7