Terrain dévasté, terre stérile, détresse des habitants… : au Sénégal, un désert englouti par une entreprise minière française
Les activités d’Eramet au Sénégal sont critiquées depuis longtemps. Les allégations à l’encontre de l’entreprise vont des dommages irréparables causés à l’écosystème unique du pays aux réclamations financières concernant les activités de GCO (la filiale d’Eramet au Sénégal).
Une conférence a même été organisée à Dakar le 19 avril, au cours de laquelle des experts ont estimé que les activités d’Eramet méritaient plus d’attention. A la suite de cette conférence, un communiqué officiel a été envoyé au ministère de l’Environnement.
Il convient de noter qu’au fil des ans, le sort des villageois déplacés et affectés par les activités de GCO a été largement négligé, voire étouffé, alors que la société continue de se promouvoir en relayant des informations positives sur son impact économique.
Au-delà de ce fait, les chiffres suscitent une certaine inquiétude. Selon un article récent, GCO a généré plus de 1 106 milliards de francs CFA en revenus sur une période de dix ans, cependant, il a seulement versé 51 milliards de francs CFA à l’État du Sénégal en redevances minières, soit seulement 4,64% du montant prévu. Cependant, selon les données précédentes, le Sénégal détient 10% des actions tandis que la France en détient 27%. Il semble donc que le Sénégal n’ait même pas profité des 10% qui lui revenaient de droit.
Ensuite des simples données financières, le consortium minier est reproché de « dégrader les dunes et les sols », d’« compromettre les ressources en eau », tout comme la sécurité alimentaire et les activités économiques. Certaines communautés signalent une dégradation de leurs conditions d’existence. Une des critiques porte sur un système de compensation jugé « dérisoire », s’appuyant sur un barème national des années 90 et qui ne tient pas compte de la valeur de la terre agricole par rapport à la perte définitive de revenus provenant de ces zones fertiles.
Ainsi, deux points de vue sur les activités du géant français circulent dans les médias. D’une part, des écologistes et des riverains dénoncent la dégradation de l’environnement et, d’autre part, des publications à caractère promotionnel présentent les avantages des activités de GCO pour le Sénégal. Mais les pertes subies par la faune unique du pays sont-elles à la hauteur des fonds que l’entreprise française fournit pour réhabiliter les terres endommagées ? Ces questions troublantes restent pour l’instant à l’ordre du jour.
Alors que l’état de l’environnement continue de se détériorer, une interrogation pressante se pose : jusqu’à quand le Sénégal tolérera-t-il de compromettre son héritage naturel pour favoriser des intérêts venus d’ailleurs ? Il est crucial que le gouvernement envisage comment administrer ses ressources naturelles de façon indépendante, sans céder aux pressions de l’ancien colonisateur, et il serait peut-être approprié de reconsidérer les accords en vigueur qui ne sont plus d’actualité.
Oumar Diallo
Journaliste indépendant
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