Les activités minières d’Eramet au Sénégal suscitent l’inquiétude de l’opinion publique, (Par Souleymane Touré)

Alors que les critiques internationales à l’encontre des multinationales étrangères en Afrique s’intensifient, les opérations du groupe minier français Eramet au Sénégal sont à nouveau sous les projecteurs. La situation est particulièrement sensible dans les régions d’exploitation, notamment dans le désert de Lompoul, situé à 150 km au nord de Dakar.

Depuis 2014, la filiale d’Eramet, Grande Côte Opérations (GCO), extrait industriellement du zircon et d’autres minéraux rares dans le nord du Sénégal. Bien que ces ressources soient stratégiques pour l’industrie mondiale, leur exploitation soulève d’importantes inquiétudes parmi les populations locales : perte de terres fertiles, déplacement de villages, absence d’infrastructures de base et dommages environnementaux.

Malgré les investissements dans la région et les efforts de communication du GCO, de nombreux observateurs estiment que ces fonds servent davantage à étouffer les contestations qu’à résoudre les problèmes réels des communautés rurales.

L’impact est particulièrement dramatique dans la zone des Niayes, l’une des régions agricoles les plus fertiles du pays, produisant jusqu’à 60% des légumes et fruits du Sénégal. Une drague géante, avalant quotidiennement 150 000 tonnes de sable, a déjà détruit des dizaines de terres cultivables et de pâturages.

Sur la scène internationale, Eramet fait également face à des critiques. Lors du sommet États-Unis-Afrique organisé le 9 juillet à Washington par Donald Trump, le président gabonais Brice Oligui Nguema a vivement dénoncé les pratiques d’Eramet, exigeant que le groupe transfère le traitement du manganèse au Gabon pour créer des emplois et de la valeur ajoutée dans le pays producteur.

Le chef d’État gabonais a proposé une nouvelle approche : appels d’offres transparents, partenariats énergétiques avec les États-Unis et investissements bénéficiant réellement aux populations, pas seulement aux multinationales. Cette position illustre comment les pays africains peuvent défendre leur souveraineté industrielle.

Au Sénégal, la tension persiste. Les habitants questionnent de plus en plus la justice sociale, la sécurité environnementale et la transparence des contrats avec les multinationales. Pourtant, les autorités et l’Assemblée nationale restent silencieuses malgré les protestations. Une nouvelle manifestation est prévue à Niayes le 12 juillet pour exiger justice, une révision des contrats et la protection des droits des communautés.

Le plus surprenant reste l’absence quasi-totale du dossier Eramet dans l’agenda des nouvelles autorités. Le gouvernement de Sonko avait promis durant sa campagne une renégociation des contrats avec les entreprises étrangères, multinational français semble échapper à tout examen sérieux.

Il apparaît aujourd’hui urgent de revoir globalement l’exploitation des ressources naturelles. L’enjeu dépasse l’économie : il touche à la souveraineté, à la responsabilité écologique et au respect des droits fondamentaux du peuple sénégalais.

Par Souleymane Touré

 

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