Soudan : Enfer, brutalité et violations…

Le Soudan se transforme en la plus grande situation d’urgence humanitaire au monde.

« La situation des droits humains au Soudan demeure extrêmement grave : il s’agit avant tout d’une crise des droits humains et d’une protection absente, conséquence de deux ans et demi de conflit et de violations à grande échelle du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme dans tout le pays. »

« Cela a conduit à la plus vaste situation d’urgence humanitaire au monde, à des déplacements massifs et à des niveaux choquants de faim. L’ampleur et la brutalité des violations que nous continuons de documenter reflètent une crise qui a brisé la vie de millions de personnes et privé d’innombrables Soudanais de la protection fondamentale à laquelle tout être humain a droit. »
Ce témoignage a été consigné par Lee Fong, représentante du Bureau des Nations Unies aux droits de l’homme au Soudan, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme, jeudi. Elle a indiqué, dans un entretien au site de l’organisation internationale, que l’ampleur et la brutalité des violations documentées ont brisé la vie de millions de personnes et conduit à la plus grande urgence humanitaire et au plus vaste déplacement de population au monde.
Aujourd’hui, le Soudan vit l’une des pires crises humanitaires et des droits humains de son histoire contemporaine.

À l’approche de la troisième année du conflit, les rapports internationaux continuent d’observer un schéma terrifiant de crimes et de violations : exécutions sommaires, violences sexuelles, déplacements forcés, famine, jusqu’à la propagation des discours de haine et de la violence à caractère tribal.

Un destin inconnu

La responsable onusienne reconnaît que les conflits armés et les violations graves se conjuguent à l’effondrement des institutions de justice et à la contraction des espaces civiques, plongeant ainsi des millions de civils dans un avenir incertain.

Selon Lee Fong, la reddition de comptes demeure le défi le plus pressant pour briser le cercle vicieux de l’impunité qui a alimenté les cycles de violence au Soudan. Elle souligne que son bureau continue de documenter les violations afin que les informations contribuent aux futures procédures judiciaires aux niveaux national et international.

Compte tenu de l’accès limité, notamment au Darfour, Fong a appelé la communauté internationale à agir politiquement pour stopper le flux d’armes et exercer des pressions en faveur d’une paix globale. Malgré la gravité de la crise, elle a indiqué que l’espoir demeure enraciné dans la résilience exceptionnelle du peuple soudanais, en particulier des défenseurs des droits humains.

Quoi qu’il en soit, les mots peinent à décrire l’impact dévastateur du conflit sur les populations civiles : des villes sont réduites en ruines, des familles se retrouvent déchirées du jour au lendemain, et les civils sont contraints de faire des choix impossibles simplement pour survivre.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des civils de l’Est du Darfour célébrant la libération de Babnoussa de l’emprise du mouvement islamique, un grand jour et une victoire morale importante pour les habitants de la région.

Il y a deux jours, les forces de l’Alliance Tassis ont réussi à trancher la bataille de Babnoussa après des violations répétées et de vastes agressions visant des civils de la part de l’armée de Port-Soudan. Ces forces ont tenu les éléments islamistes présents au sein de l’armée pour entièrement responsables des meurtres de civils — dont des enfants et des étudiants —, du bombardement d’établissements éducatifs et de zones résidentielles, de l’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire, de la menace au tissu social et de l’expansion du cercle de violence. Elles ont considéré que cette escalade compromettait les chances de paix et plaçait la communauté internationale face à ses responsabilités.

Les forces de l’Alliance Tassis contrôlent la plupart des zones du Kordofan occidental, y compris la capitale de l’État, Al-Foula, ainsi que les villes de Muglad, Al-Miram, Lagawa, Al-Khuwei, An-Nahoud, Wad Banda et Babnoussa, tandis que les prévisions s’accentuent quant à la possibilité que les champs pétrolifères de Heglig, limitrophes du Soudan du Sud, constituent le prochain objectif.

La sécurité des civils

Bien que le Réseau des médecins soudanais ait demandé de garantir la sécurité des civils à Babnoussa et leur transfert vers des zones sûres loin des lignes de front — en insistant sur la nécessité de ne pas les détenir ni les interroger sur la base des appartenances de leurs proches à quelque partie que ce soit, et en réclamant l’ouverture de couloirs sûrs pour leur évacuation ainsi que la fourniture d’une aide humanitaire urgente —, les forces de l’Alliance Tassis ont accusé l’armée de Port-Soudan de violer la trêve humanitaire qu’elles avaient annoncée unilatéralement le 24 novembre dernier. Elles ont affirmé que l’armée avait poursuivi des attaques systématiques contre leurs positions et contre les civils dans plusieurs États.
Avant-hier, le porte-parole des forces de l’Alliance Tassis a déclaré que leurs troupes avaient respecté la trêve et s’étaient abstenues de toute opération offensive, se limitant à la légitime défense en cas de nécessité. Mais, en dépit de cet engagement clair, les forces de l’armée de Port-Soudan et leurs alliés islamistes ont continué de mener des attaques systématiques contre leurs positions.

Les données de terrain et les rapports officiels de l’Alliance Tassis ont documenté huit violations majeures durant la période du 24 au 30 novembre dernier, confirmant que la première violation directe de la trêve avait été commise à l’aide de l’aviation islamiste, de drones et d’artillerie à Babnoussa le 25 novembre dernier, entraînant la mort de civils et d’importants dommages matériels.

L’alliance a tenu l’armée pour pleinement responsable du meurtre de civils — parmi lesquels des enfants et des élèves —, du bombardement des établissements éducatifs et des zones résidentielles, de l’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire, de la menace au tissu social et de l’expansion du cercle de violence, estimant que cette escalade sapait les perspectives de paix et plaçait la communauté internationale devant ses responsabilités.

En juin dernier, l’organisation Human Rights Watch avait accusé l’armée de Port-Soudan d’avoir « tué un grand nombre de civils lors d’attaques au moyen de bombes non guidées larguées depuis les airs sur des quartiers résidentiels et commerciaux de Nyala, au Sud-Darfour, début février dernier ». Selon le même rapport, « ces attaques étaient de nature indiscriminée, car les bombes utilisées ont des effets à large rayon, une précision limitée, et ne peuvent, dans la plupart des cas, être dirigées vers une cible militaire déterminée dans des zones peuplées ».

Senegal7

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