Cheikh Yérim sur l’affaire Aliou Sall : « Le registre de l’indignation ne réglera rien »
Invité hier sur le plateau de la Sen TV, le journaliste Cheikh Yérim Seck s’est prononcé sur ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Aliou Sall distillée par la BBY et qui fait état des pots de vin que ce frère du président Macky aurait perçu de Timis Corporation. Très en verve, l’ancien journaliste de « Jeune Afrique »a indiqué que tout Sénégalais qui ne s’offusque pas de cette nébuleuse n’aime pas son pays.
D’entrée de jeu, le journaliste Cheikh Yérim Seck, s’est offusqué de l’affaire Frank Timis qui à son avis, a démarré avec le Président Wade qui a signé le contrat, lequel légalisé par le décret d’approbation du Président Sall et contresigné par l’ancien Premier Ministre Abdoul Mbaye. Selon lui, un tel bazar venant de hautes personnalités du pays sur notre pétrole est regrettable. En ce qui concerne le documentaire de la BBC incriminant le frère du Chef de l’Etat, Aliou Sall, M. Seck indique que celui qui a fait ce reportage à charge n’oserait guère le faire en Angleterre. Jetant ainsi l’opprobre sur ce « documentaire » de la BBC aux allures d’un règlement de compte, Cheik Yérim est d’avis que sa production n’obéit pas aux fondamentaux du journalisme. Car, poursuit-il, la forme inadéquate vicie le fond du dossier. En atteste le fait que ce média anglais a mené son enquête en usant des interviews d’adversaires politiques du président Macky sans pour autant recueillir les avis d’une autre personnalité du pouvoir susceptible de défendre leur camp. Et le fait que ce média accuse Aliou Sall d’être bénéficiaire d’un transfert de 250 000 dollars en provenance de Timis Corporation ôte à l’information publiée toute crédibilité, martèle-t-il. Et d’indiquer face à de telles allégations, que le minimum que le Sénégal puisse faire est d’ouvrir une information judiciaire afin que toute la lumière éclatât dans cette affaire. Regrettant ainsi les nombreuses fois que la presse nationale a en fait les choux gras de ses livraisons du dossier de Frank Timis, selon lui, il a fallu qu’un média occidental soulève le « lièvre » pour que tous les Sénégalais se mettent à en parler. Et cet impair, poursuit-il, il l’impute à nos hommes politiques qui sont les premiers à être complexés face à la presse hexagonale. Mais d’expérience et après avoir parcouru le monde, l’ancien journaliste de « Jeune Afrique » soutient mordicus que toutes les guerres proviennent soit du pétrole ou de l’Eau. Que le pétrole, c’est du sérieux. Seulement dans le cas d’Aliou Sall, il indique qu’on doit éviter de se tromper de débat car il s’agit de 250 000 dollars et 12 000 dollars qui sont en jeu et non du frère du Chef de l’Etat comme cible. Ce qui lui fait dire qu’un pays où il n’y a pas de présomption d’innocence, on aura droit au nazisme. Mais pour se prémunir de toute éventualité, Cheikh Yérim préconise que le parquet s’autosaisisse ou que les organisations de la société civile aillent porter plainte pour que la lumière puisse jaillir sur cette affaire. Toutefois, il a aussi souligné que le Chef de l’Etat ne doit en aucun cas s’immiscer dans cette affaire pendante devant la justice au risque d’influer sur le processus en tant qu’Institution Première. Tant qu’on ne dépassionne pas le débat, on va verser dans le registre de l’indignation, ce qui ne réglera rien, infère-t-il.
Assane SEYE-Senegal7
