Échec de la Campagne arachidière : L’Etat a-t-il failli à sa responsabilité ?

La présente campagne arachidière risque d’être un échec patent. En dépit de la subvention estimée à 30 milliards F Cfa, la Sonacos traverse une très mauvaise passe pour acheter les graines. Les chinois doublent la mise en achetant la bonne qualité qu’ils acheminent chez eux par voie maritime. Ce qui risque de déteindre négativement sur le fonctionnement des usines qui n’auront pas suffisamment de matière pour faire tourner leurs machines. Sans compter les risques d’impact négatif sur la disponibilité des semences pour la prochaine campagne. La responsabilité de l’Etat est engagée.

Une situation catastrophique…

Dans les zones à fortes productions arachidières, notamment dans le centre du pays, dans la région de Kaolack et dans la partie méridionale, la situation est loin d’être rassurante dans les usines. Les paysans se sont orientés vers les opérateurs les plus offrants où ils peuvent vendre leurs arachides jusqu’à plus de 250 Fcfa le Kg, au moment où la Sonacos peine à aller au-delà du prix planché.

A la Sonacos de Lyndiane de Kaolack, la situation est jugée inédite. Au début de la campagne, seuls 25 camions sont réceptionnés, au maximum, 2 à 3 camions sont reçus par jour et parfois aucun. Un nombre qui équivaut à celui reçu d’habitude par jour en temps normal. Ainsi, selon les informations mises à notre disposition, «à ce rythme si rien n’est par l’Etat au plus pressé, il sera impossible d’atteindre les 65 mille tonnes que la Sonacos Lyndiane s’est fixée comme objectif pour cette année».

A Ziguinchor, également, la psychose est de mise. Les travailleurs de la Sonacos craignent pour leurs emplois, surtout les saisonniers recrutés récemment. L’Usine n’a pas de manière première et cela impacte négativement sur le quotidien des populations, car cette usine reste la seule pourvoyeuse d’emplois dans presque toute la verte Casamance. Au regard de cette situation, pas du tout enviable, un appel à l’Etat est lancé afin qu’il leur donne un coup de main. C’est-à-dire contrôler la situation pour que les graines soient achetées et transformées dans le pays.

La responsabilité de l’Etat…

Au bout d’une décennie de Nouvelle Politique Agricole, l’économie arachidière se trouve dans une situation de morosité sans précédent. Et comme l’a bien reconnu le rapport du Groupe de Réflexion Stratégique, sur le thème «Libéralisation et Compétitivité de la Filière Arachidière au Sénégal de 1997» qui a été mis sur pied par le ministre de l’agriculture d’alors, il faudra, pour relancer le secteur, rompre avec certaines approches pas productives. Les politiques de prix et de commercialisation font partie des facteurs principaux qui affectent les niveaux de rentabilité et de compétitivité au sein de la filière arachidière. La réforme de ces politiques devra donc nécessairement faire partie du débat sur la relance du secteur. Les résultats indiquent qu’une libéralisation des marchés, sans une réduction substantielle des coûts de commercialisation observés dans le secteur privé, pourrait avoir des conséquences sérieuses pour la compétitivité du secteur de transformation. D’où le besoin d’accorder suffisamment d’attention en cas de libéralisation à l’émergence d’un secteur privé de commercialisation compétitif et efficient. Les résultats de la réflexion indiquent également qu’une libéralisation effective des politiques de prix et de commercialisation doit nécessairement aller de pair avec une amélioration de la productivité et une forte réduction des coûts unitaires de production dans le secteur de transformation. Force est donc de reconnaître que le problème de la filière est loin d’être uniquement un problème de prix et de système de commercialisation ou de production.

«Force est de noter que le contexte général de la production arachidière a fondamentalement été bouleversé par les politiques de désengagement publique et de libéralisation initiées au cours des années 80».

En ce sens, des réformes profondes doivent être engagées pour que la filière arachidière retrouve son lustre d’antan. Elle faisait la fierté du monde rural. Hélas ! Les paysans ne reconnaissent plus leur secteur.

Senegal7