Dans un post adressé aux citoyens de la Médina, donc qui m’est adressé, le Maire Pape Momar DIOP a dessiné le portrait-robot du futur Maire et a invité à la réflexion sur les critères qui semblent, à ses yeux, incontournables.
Je souhaite d’emblée remercier l’ancien édile de notre commune pour avoir essayé d’élever, d’un cran, le débat politique local souvent pollué d’invectives et de violences verbales voire physiques. Mais le consensus avec lui s’arrête là. Dans l’initiative. Le fond, m’a, à vrai dire, laissé dubitatif.
Monsieur le Maire pose 3 critères : deux objectivement et concrètement vérifiables (la résidence et la fonction) et un subjectif, relevant du jugement de valeur (l’honnêteté).
Mon éducation et l’honnêteté intellectuelle ne me permettant pas, à ce stade, de dire qui, parmi les candidats, est sérieux et honnête, je consacrerai exclusivement mon appréciation sur les deux premiers critères.
Je ne pense pas un seul instant que le Doyen Pape soit dans du prosélytisme politique ou simplement dans la propagande. Je considère tout ce qu’il a dit a été dit de bonne foi. Cependant ses hypothèses aboutissent au résultat sans appel suivant : des candidats déclarés, seul le Maire sortant remplit ces critères et devrait être le choix des Médinois.
Les arguments brandis sont d’abord sans base légale mais, surtout, semblent passéistes et générateurs d’un modèle de gouvernance à bannir dans nos cités.
1- « un maire résidant dans l’espace communal est le premier gage de sa disponibilité entière au service d’une communauté sujette de toutes les sollicitations. En se réveillant ailleurs, sera-t-il capable de centraliser toutes les pulsions de ses administrés » a dit le Maire.
D’abord, il convient de rappeler que l’article L271 dispose que sont éligibles au conseil municipal tous les électeurs de la Commune, sous réserves des dispositions des articles 272 et suivants. Toutefois, ajoute-t-il, le nombre de conseillers qui ne résident pas dans la Commune au moment de l’élection ne peut excéder le quart des membres du conseil.
Par cette disposition, le législateur admet bien que la résidence est un critère important mais rappelle aussi que le conseil municipal est une équipe qui ne saurait se résumer au Maire.
Au-delà de la légalité, il transparaît dans l’analyse un conservatisme dans le modèle de gouvernance de nos communes qu’il faut, à mon avis, dépasser voire bannir car synonyme d’avilissement du citoyen à qui on veut faire croire que le Maire est l’Omnipotent qui règle, de sa poche, tous les problèmes.
L’impersonnalisation de la solidarité et des offres publiques doit être un combat. Les citoyens en ont assez de courir derrière un Maire ou des politiciens pour régler leurs problèmes quotidiens, cela heurte la dignité. Ils en ont assez d’avoir un Maire qui distribue les ressources selon l’appartenance à tel ou tel groupe. Être un proche du Maire ou connaître un de ses lieutenants ou pouvoir taper à sa porte à 2h du matin ne doivent plus être des moyens pour accéder aux ressources de la communauté.
Ces ressources doivent être vertueusement gérées et doivent être accessibles aux populations selon des règles pré-écrites et connues de tous.
Je note cependant que la fonction de Maire, en tant qu’elle est quasi-sacerdotale, exige, nous le savons, une proximité avec les populations et une forte présence à leurs côtés mais l’ère du Maire-Dieu-de-la-Commune doit être révolue. Les populations doivent comprendre que le Maire ne donne pas, c’est la Mairie qui donne et la Mairie ne gère que leur argent pour leur compte.
Si je suis élu, si Dieu le veut, je proposerai, par exemple, que les secours soient gérés par un comité indépendant polarisant les représentants de tous les quartiers, sans exclusive, sans distinction de parti, de confrérie ou de religion.
Si je suis élu, si Dieu le veut, Je proposerai, qu’au moins 30% du budget communal soit participatif pour permettre aux populations de chaque quartier d’avoir plus de services de proximité et d’identifier leurs besoins. (https://lesbudgetsparticipatifs.fr/les-budgets…/
)
Si je suis élu, si Dieu le veut, le leadership des conseillers sera valorisé. Ils porteront désormais les politiques communales dans leurs quartiers et rendront régulièrement compte aux citoyens par des moyens à définir. Pour montrer que la gestion des affaires de la cité est faite par une équipe et non une personne.
2- « L’autre critère important est un maire sans une autre charge administrative ou gouvernementale. Un premier magistrat constamment tiraillé par un cumul de fonctions pourrait constituer un handicap tel que constamment décrié sous d’autres cieux. » dit l’ancien Maire.
Sauf à considérer qu’un Maire doit être forcément riche avant d’être élu pour pouvoir s’exonérer d’un travail rémunéré ou d’exercer une fonction génératrice de revenus, ce critère dégagé par le doyen Diop n’est pas recevable. Nous sommes nombreux à servir l’Administration mais aussi à chercher à servir nos cités.
Au surplus, le risque est grand de perpétuer la prédation souvent dénoncée de nos ressources par des hommes politiques car le Maire ne bénéficie que d’une indemnité relativement faible alors qu’il a, comme tout le monde, des charges personnelles incompressibles.
Attention ! « La chèvre ne broute que là où elle est attachée » dit le proverbe camerounais.
Si le Doyen pense plutôt à des contraintes professionnelles, la question est de savoir s’il est concevable qu’un Médinois architecte, avec des dossiers importants ou qu’un homme d’affaires Médinois, souvent entre deux avions ou qu’un émérite Médecin Médinois, ayant un cabinet qui ne désemplit pas, par exemples, soit Maire de notre commune. Un Ministre ou un Directeur général qui occupent des positions fonctionnelles, seraient même, dans l’absolu, plus « libres » que ces gens-là.
En réalité le débat sur l’incompatibilité se conçoit plus du point de vue de l’exposition de certaines personnes, de par leurs positions dans l’État, ou d’une juste répartition des charges publiques entre les citoyens par le pouvoir démocratiquement élu.
A y voir de près, le postulat est que le Maire idéal est celui qui s’occupe H24 de la Mairie. Donc, forcément, pour être élu, il faut être un retraité ou un chômeur.
Ces critères, à mon avis, sont inopérants. Tout digne fils de la Médina engagé et volontaire peut être Maire, dans le respect absolu des dispositions légales et réglementaires. Il sera jugé aux résultats.
Cheikh Ahmeth Tidiane Bâ,Medina.
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