Accusations de corrupti0n: deux officiels Guinéens écopent de huit mois de prison

Jeudi, deux officiels guinéens ont été condamnés à huit mois de prison, dont un ferme, après avoir accusé les dirigeants des principaux médias d’avoir été corrompus par la junte militaire au pouvoir. Djènè Diaby et Tawel Camara, membres de la Haute autorité de la communication (HAC), ont également été condamnés à payer une amende d’un million de francs guinéens chacun, selon leur avocat, Me Kémoko Malick Diakité, qui a annoncé son intention de faire appel. Le procureur Mohamed Bangoura avait initialement requis une peine d’un an de prison, dont quatre mois ferme, en qualifiant les actes des accusés de « très graves ».

Bakary Millimouno, un des avocats de la défense, a plaidé pour la clémence en soulignant que ses clients étaient des « délinquants primaires », donc novices dans ce genre de situation.

Le scandale a éclaté le 12 juin, lorsque Djènè Diaby et Tawel Camara ont révélé comment quatre radios et deux télévisions privées de grande audience avaient été fermées fin mai selon le media 360 Afrique. Ils ont accusé les patrons de ces médias d’avoir reçu de l’argent de la présidence du général Mamadi Doumbouya tout en ignorant les avertissements de la HAC de modérer leurs critiques contre la junte. Leurs déclarations, faites devant des journalistes, ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, suscitant une vive controverse.

Face à la tourmente, Diaby et Camara ont présenté des excuses et ont reconnu devant le tribunal qu’ils n’avaient aucune preuve pour soutenir leurs accusations. En réponse à leurs actions, la HAC les a suspendus pour « faute lourde ».

Ce scandale s’inscrit dans un contexte plus large de répression des médias et des libertés en Guinée depuis le coup d’État militaire de 2021. Le retrait de l’agrément des quatre radios et deux télévisions le 22 mai par les autorités est vu comme une censure supplémentaire. Les actions des militaires pour maintenir leur emprise sur le pouvoir ont conduit à une série de mesures restrictives contre les voix dissidentes et les critiques.

La condamnation de Djènè Diaby et Tawel Camara reflète les tensions persistantes entre les autorités et les médias en Guinée, illustrant les défis auxquels sont confrontés ceux qui osent critiquer le régime en place. Tandis que la situation évolue, les appels à la liberté de la presse et à la transparence restent au cœur des préoccupations pour de nombreux observateurs de la scène politique guinéenne.

                                                                                                                    SARA JUPITER  SENEGAL7