Alioune Sow, l’alliance démocratique Pencoo : «Moussa Tine a été débarqué du parti à cause de sa trahison»

senegal7.com: Choisi provisoirement par les militants pour remettre le Parti sur les rails à la place de Moussa Tine qui l’a dévié de ses objectifs, Alioune Sow revient dans cet entretien sur les raisons du débarquement de l’ancien député.

Comment se fait-il que votre parti soit revendiqué par deux présidents dont vous ?

Écoutez Monsieur, l’Alliance Démocratique Pencoo ne connait en ce moment qu’un seul Président et c’est moi Alioune SOW. C’est une décision qui émane de la de la majorité des membres du Parti.

Et Moussa Tine alors ?

C’est la majorité du parti qui a décidé de me confier, provisoirement, la présidence du parti pour une période de 6 mois à la place de Moussa Tine qui exerçait la fonction, provisoirement lui aussi, et qui a trahi la volonté du parti. Il a été débarqué non seulement pour problème de démocratie interne mais encore de bonne gouvernance interne. Et il est devenu un simple militant. Je rappelle que dans une démocratie, c’est la volonté de la majorité qui doit toujours primer. Mais malheureusement, il ne l’a pas compris, le pauvre. Il a joué à l’hypocrisie, à la traitrise. Depuis 2009, il n’a pas mis le Parti dans les conditions d’un congrès encore moins d’un semblant de conseil national. En réalité il a utilisé le parti pour les intérêts et le projet présidentiel de Khalifa Sall mûri depuis son accession à la mairie de Dakar. Le complot contre monsieur Ousmane Tanor Dieng ne date pas d’aujourd’hui. En 2012, lorsqu’il s’est agi de l’élection présidentielle, le Parti avait choisi d’aller avec Benno ak Tanor. Moussa Tine, refusant de soutenir Tanor, disait : je ne me livrerai jamais à Tanor pieds et poings liés. Moi, Alioune Sow, personnellement, j’avais voté pour la coalition Macky 2012. Pourtant je me suis plié à la volonté d’ensemble qui voulait aller avec Tanor. Mais, je vous garantis que jamais le récépissé de Pencoo ne servira à Khalifa Sall pour combattre Monsieur Ousmane Tanor Dieng, leader de la coalition que la majorité avait choisi.

Quel est le problème de bonne gouvernance interne dont vous parlez ?

A l’époque en tant que trésorier du parti, lors des législatives, je ne connaissais pas la provenance des 20 millions qui ont servi à la caution et des 30 millions de la campagne. Il n’y avait aucune transparence dans la gestion financière du parti.  Cinquante millions de francs ont été utilisés à l’insu du trésorier que j’étais. On comprend bien, si aujourd’hui, on nous dit que la caisse d’avance a servi à beaucoup d’hommes politiques.

Justement, en tant qu’homme politique, que pensez-vous de l’affaire Khalifa Sall ?

Beaucoup de regrets et de déception.  Je crois que quelqu’un qui a des ambitions présidentielles ne doit, ni de près, ni de loin être mêlé à des histoires de détournement de deniers publics. Je lui consacre, quand même, la présomption d’innocence. Mais, il n’est pas un bon exemple pour la jeunesse. Il n’est pas un dirigeant nécessaire à notre temps.

Pourtant beaucoup de Sénégalais le soutiennent notamment les défenseurs des Droits de l’hommiste qui ont critiqué la sortie du procureur…

Écoutez, les organisations de défense de droits de l’homme qui sont intervenues n’ont pas fait une analyse de profondeur de la situation ; elles se sont limitées à la surface. Les Sénégalais ont le droit à information. Et ce droit est un droit de l’homme parmi les droits collectifs qui appartiennent à tout le peuple. Et ce peuple cotise toujours pour alimenter les comptes du trésor public qui font fonctionner nos administrations notamment la mairie de Dakar. Le peuple doit alors logiquement être informé de l’utilisation de ses cotisations. Et ne serait-ce que par respect concernant ces cotisations, la population sénégalaise doit être informée. Je rappelle que le droit à l’information collectif de tous les Citoyens prime sur le droit individuel de respect du secret de l’instruction de Khalifa Sall

Mais, Moussa Tine dit que vous êtes manipulé par le Président de la République au moment où d’autres avancent que c’est que c’est Cheikh Amar qui est derrière vous ?

Je pense que c’est trop facile de rejeter son incompétence et son incapacité de gérer le parti à la responsabilité du Président de la République. La victimisation auprès de l’opinion publique ne passera pas. Il s’agit simplement d’un problème de démocratie et de bonne gouvernance internes qui ne datent pas d’aujourd’hui. Et encore une fois, le parti n’acceptera jamais d’être utilisé par un tricheur pour combattre Ousmane Tanor Dieng. Quant à Cheikh Amar, c’est des spéculations qui viennent de tous les bords. Mais demain fera jour. Et tout le monde sera édifié.

Qu’envisagez-vous pour les législatives ?

Nous réitérons notre ancrage à Benno bokk yakaar. Tout ce qui se fait au niveau de cette coalition nous engage. Nous allons réintégrer les structures de Benno par les voies normales et conséquentes comme l’exige la volonté du parti depuis 2012. Et avec le Benno nous participerons activement aux législatives prochaines.

En tant que leader politique, comment appréciez-vous les passages du Premier ministre devant les députés ?

Nous félicitons le Premier ministre de ses passages périodiques devant les députés pour expliquer de ses choix et mises en œuvre des programmes politiques du gouvernement qu’il dirige. Mais il faut déplorer, tout de même, l’attitude récente de l’honorable député Barthélémy Dias. C’est vrai que c’est sa jeunesse qui parle. Mais il doit apprendre à grandir et à servir d’exemple pour les générations à venir. Il y a un temps pour tout. Et l’Assemblée nationale est le lieu par excellence de l’expression de la démocratie. C’est un lieu sacré pour notre vie républicaine.

Quelles sont les perspectives de votre parti maintenant que vous êtes la voix autorisée ?

En termes de perspectives, nous allons reprendre notre place de manière loyale dans la coalition Benno. Nous prendront également le temps de redonner vie à notre parti, faire revenir tous les cadres frustrés. Nous mettrons ce parti dans les conditions d’organisation de congrès. Bref, faire tout ce qu’on avait demandait à notre camarade Moussa Tine et qu’il n’a pas pu faire. Tant que ce sera possible, en termes de contribution, en tant que membres de la mouvance présidentielle, nous allons élaborer des programmes politiques que nous proposerons au gouvernement pour, non seulement soutenir le Pse, mais aussi participer à asseoir les bases d’un développement durable.

Paru dans La Tribune du 28 mars 2017