Bideew Bou Bess en 22 ans : «Il nous a fallu batailler dur pour nous imposer dans le game»

En 22 ans de carrière, le «Bideew Bou Bess», ou la nouvelle étoile du rap Galsen, comme du vieux vin, s’est beaucoup raffermi. Le groupe constitué du trio des frères Makhtar, Baydi et Ibrahima, s’est beaucoup bonifié. En expérience comme en maturité. Aujourd’hui, à l’aune de leur 22^e anniversaire, ils se posent pour un bilan d’étape des dates clés qui ont marqué leur carrière. Avant de monter sur la scène de la salle de l’Unité africaine du Cices, samedi dernier, pour un spectacle show bouillant. Et pour qui connait ce groupe, qui aime allier l’utile à l’agréable, les actions sociales ont aussi été de la partie. Avec des dons de médicaments et de denrées de première nécessité dans des daaras à Grand Yoff et des journées de consultations gratuites aux Parcelles assainies. Un alléchant programme, au grand ravissement de leurs fans.  

1994 : « Nous avons commencé à faire du rap cette année. On est entrés dans la musique par le Rap, mais différemment, par rapport aux autres. On ne s’était pas fixé d’objectifs particuliers, mais on savait quand même ce qu’on voulait faire. Le style de «Bideew Bu Bess» a toujours été de ne pas se focaliser sur un seul genre musical. Ça a été très décrié à l’époque. Mais on a imposé notre style, qui était de mélanger toutes les sonorités. Ce n’était pas facile au début et il nous a fallu batailler dur pour nous faire un nom dans le Game.»

1996 : «Nous venions tout juste de remporter un concours à l’occasion du 10^e anniversaire du décès de Cheikh Anta Diop. C’était le déclic de notre carrière. Youssou Ndour, avec son label de l’époque, le «Jololi», nous a repérés et nous a fait signer un contrat. C’était le début du professionnalisme.»

1999 : «Notre premier album «Ndeketé Yo» est sorti cette année. Il était composé de 8 titres avec le tube «Ouh Ah» dont tout le monde se souvient encore aujourd’hui. Le clip passait en boucle sur la Rts1. On a marqué de notre empreinte le mouvement avec ce titre, qui était un véritable succès.»

2000 : «Par la suite, les tournées se sont enchaînées, jusqu’en 2001. On a parcouru toute l’Europe avec Youssou Ndour et Passy. On a eu plus de 65 dates à travers le monde, avec les premières parties de Youssou Ndour dans sa tournée «Jokko». Ensuite Passy, avec qui on a bossé sur le premier album international. On était toujours entre deux avions.»

2001 : «Passy, avec qui on a collaboré sur 3 trois des titres de son album international, obtenait ainsi un disque d’or, avec plus de 600 000 albums vendus en France. La reconnaissance en France et en Europe commençait pour nous.»

2002 : «Nous avons sorti le single, «Le Joola», en hommage aux naufragés du bateau «Le Joola», avec feu Bourba Djolof, Simon, Fafady…etc.»

2003 : «C’est l’année du break. On est revenus de la France pour tout réorganiser. Et ça a duré 7 ans. Il y avait beaucoup de problèmes de contrats. On s’est rendu compte qu’on ne maîtrisait pas trop le business. On était très jeune à l’époque, après la tournée, on avait quitté «Jololi» pour signer avec Passy. On croyait avoir gagné le pactole, mais on a su, au fil du temps, qu’il y a des lois dans le showbiz qu’on ignorait. Il voulait nous imposer leur système et nous entraîner dans leur lobbying. On a dit niet. Nous voulions un showbiz sain. C’est de là qu’est née cette cassure.»

2004 : «Avant de nous retirer temporairement de la scène musicale, nous avons sorti notre single Benene Aal».

2005 : «Mactar, qui était malade, a commencé à se remettre sur pied. Notre petit frère, Ibrahima, qui a appris à jouer de la guitare, intégra le groupe.»

2010 : «On a su rebondir en marquant notre retour de la plus belle des manières. Ce n’était pas évident, mais on a bossé très dur. On s’est autoproduit en sortant l’album «Ndoumbélane». Avec des titres comme «My Feeling», «Allah Baye»… On a réussi un retour époustouflant.»

2012 : «Avec Enda Pronat, nous avons dénoncé le bradage des terres, avec notamment le litige de Fanaye. C’est ainsi qu’on a lancé le single «Touche pas à ma Terre». Nous sommes des rappeurs engagés, donc l’accaparement des terres et tous les problèmes sur le foncier nous interpellaient.»

2013 : Mactar s’est marié.

2014 : «C’est l’année où moi, Baydi, je me suis marié. Et quelques mois après, c’était au tour de mon jeune frère, Ibrahima. On est devenus plus responsables, plus matures. Une responsabilité supplémentaire pour tous les trois. Fonder une famille nous a fait prendre conscience de l’importance de la vie humaine.»

2016 : «Cette année, on a lancé notre single, «Belle», dans la série «Un café avec…» et ça a été un incroyable succès. Le clip est sorti il y a quelques jours et a été très apprécié par le public. On a également fait récemment un single (I belong*) sur l’apatridie avec Hcr, dont on est l’ambassadeur.»

*I belong : «J’appartiens

PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU