Après le 100 m, Usain Bolt a remporté le 200 m des Jeux de Rio. Il s’agit du huitième titre olympique de la légende des pistes, à seulement une unité du record de neuf sacres co-détenu par le Finlandais Paavo Nurmi et l’Américain Carl Lewis.
Normalement, la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. Sauf Usain Bolt. Déjà impérial sur 100 m dans la nuit de lundi à mardi, le Jamaïcain a survolé le 200 m ce jeudi (vendredi matin en France) devant le Canadien De Grasse et l’épatant Christophe Lemaitre, s’offrant un troisième doublé olympique consécutif.
Depuis 2008, l’homme au huit anneaux d’or n’a connu que le plus noble des métaux sur les tartans olympiques. Le temps n’a vraiment rien d’exceptionnel (19”78, loin de son record du monde à 19”19) mais le fossé est énorme entre la fusée jaune et ses poursuivants, d’autant que quelques cadors (Gatlin, Blake) n’avaient pas franchi l’écueil des demi-finales. Bolt, qui aura 30 ans dimanche, reste seul sur sa planète. Et même si celle-ci, avec l’âge, se rapproche de la Terre, elle demeure inaccessible au commun des athlètes.
Le seul adversaire de Bolt, c’est… Bolt
Le sprinteur le plus titré de tous les temps aux Jeux n’avait pourtant jamais établi une meilleure performance personnelle de l’année aussi «lente» depuis 2006… «J’étais venu pour prouver que j’étais le meilleur sur l’épreuve qui me tient le plus à cœur et c’est ce que j’ai fait, sourit-il. C’était ma dernière course individuelle dans des Jeux olympiques et je ne peux guère prouver plus. Je ne suis pas déçu du temps. Je suis toujours heureux quand je gagne. J’aurais voulu courir un peu plus vite mais De Grasse a fatigué mes jambes en demi-finale et je vieillis. Je ne récupère plus aussi vite. Mon corps répond différemment.»
A l’arrivée, pendant que Lemaitre mettait quelques bonnes minutes à digérer son effort, Bolt, lui, ne paraissait pourtant même pas essoufflé. Pas mal pour une légende qui rangera ses pointes à l’automne 2017 et dont chaque demi-tour de piste aura désormais des allures de tournée d’adieu. Car avant de venir pour la course, les Cariocas étaient d’abord là pour le spectacle. Le public brésilien n’a pas de culture en athlétisme mais il est comme les autres sensible aux rock-stars. Ou Reggae Men. Et il considère l’athlète de Sherwood Content comme l’un des siens. Seules «les soirées Bolt» ont d’ailleurs réussi à garnir les tribunes du stade olympique.
«Je ne permets pas aux jeunes de me battre»
«Le 200m, c’est vraiment très spécial pour moi, souffle le roi Usain VIII. Je suis venu à Rio pour ça.» Libéré par son sacre sur 100 m, Bolt a fait du Bolt. Avant, pendant, et après sa victoire. Dansant face caméra à la présentation des finalistes, larguant ses rivaux tête tournée avec une insolente facilité puis mimant l’éclair, drapé dans les bannières jamaïcaine et brésilienne, sous la pluie fine de Rio. Avant de faire le show devant la presse. «Si Bob Marley avait dû écrire une chanson sur moi ? J’aurais voulu qu’il la titre : The Greatest of all time (NDLR : le plus grand de tous les temps)», se marre-t-il. Si De Grasse peut me battre ? Il le veut absolument et je suis sûr qu’il est sérieux ! Je dis toujours aux jeunes : allez-y. Mais ils peuvent toujours essayer. Je ne permets pas aux jeunes de me battre…»
Le dernier défi olympique de sa majesté aura lieu la nuit prochaine (à 3h35 du matin ce samedi) avec le relais 4x100m jamaïcain. Pour un troisième triplé 100, 200, 4×100 consécutif. Alors, The Greatest Olympian of all time ? «J’étais sûr qu’on me poserait la question du plus grand entre Michael Phelps (28 médailles dont 23 en or) et moi, minaude-t-il. Il a tellement gagné, il est parti, il est revenu. Je le respecte parce qu’il a tant fait pour le sport. On est grands tous les deux…»
