Alors que la Coupe d’Afrique des Nations 2017 au Gabon débute samedi, Hervé Renard, le sélectionneur du Maroc, s’est confié pour Foot365. A l’occasion de la présentation de la CAN, entièrement diffusée sur beIN Sports, il évoque les chances des Lions de l’Atlas, son attachement pour le continent africain et nous fait part d’un possible retour en Ligue 1.
Hervé Renard, vous avez déjà remporté la Coupe d’Afrique des Nations à trois reprises, c’est parti pour une troisième ?
On aimerait bien (rires). Mais c’est plus facile de le dire que de le faire, c’est certain.
Comment jugez-vous vos chances d’aller au bout de cette CAN au Gabon par rapport à vos deux précédents succès ?
Quand nous avons remporté la CAN avec la Côte d’Ivoire, nous n’étions pas dans une forme étincelante, donc c’est ce qui me fait croire que nous avons toutes nos chances. Tout est permis dans une compétition comme la Coupe d’Afrique. Le plus difficile c’est ce premier tour avec la Côte d’Ivoire et la République Démocratique du Congo qui sont deux très bonnes équipes. Et puis il y a le Togo. Ça ne va pas être facile.
Le Maroc ne fait pas partie des favoris. Quelle sera votre plus grosse difficulté pour bien figurer au Gabon ?
La chose la plus difficile avec le Maroc sera de nous convaincre que l’on peut faire quelque chose et que l’on va faire quelque chose. Il faut que psychologiquement, on ait confiance en nous et qu’on ne craigne personne. On sera présent et ce sera difficile de nous bouger mais il va falloir gagner les matchs bien évidemment.
RENARD : « L’ÉCHEC ? C’EST MOI QUI L’ASSUMERAI »
Vous estimez qu’il y a de plus en plus de bonnes équipes en Afrique ?
Oui, il y a de plus en plus de bonnes équipes bien organisées je dirais, avec des joueurs très talentueux surtout offensivement. Et c’est ce qui fait la différence dans le football.
Le Gabon est le pays organisateur. Est-ce que cela peut décupler les capacités des joueurs et les porter jusqu’au titre final ?
Mais le Gabon a de belles capacités. C’est une équipe qui offensivement est très forte. Elle est capable de poser beaucoup de problèmes à toutes les équipes. Mais organiser un tournoi est à double tranchant. Il y a une pression énorme. On l’a vu cet été avec l’équipe de France. Il faut pouvoir supporter la pression. S’ils en sont capables, c’est sûr qu’ils peuvent aller au bout. Au contraire, s’ils ne résistent pas à cette pression, ce sera difficile de tenir le coup psychologiquement.
A titre personnel, est-ce que vous avez une pression particulière ?
Moi, je me mets toujours la pression. Je n’ai pas peur de dire qu’une qualification ratée pour les quarts de finale sera un échec. L’échec ? C’est moi qui l’assumerai. Je ne suis pas venu au Maroc pour ne pas passer les poules, même si nous sommes dans une poule très compliquée. C’est à moi d’assumer.
RENARD : « JE SUIS TOMBÉ AMOUREUX DE L’AFRIQUE »
L’objectif, c’est les quarts de finale ?
On ne m’a pas fixé d’objectif précis. C’est moi qui me suis fixé un objectif. Si je n’obtiens pas cette qualification pour les quarts de finale, je ferai le point moi-même.
Beaucoup de joueurs de votre sélection évoluent en Ligue 1 ou en Ligue 2. Le Maroc serait forcément beaucoup observé en France. Avez-vous l’impression d’être attendu au tournant ?
Cela fait 15 ans que le Maroc n’a pas fait de bons résultats dans une grande compétition. Ils n’ont plus passé la phase de poules d’une Coupe d’Afrique des Nations depuis 14 ans exactement. Ça fait beaucoup. Il y a une attente énorme. J’ai eu beaucoup de réussite dans cette compétition par le passé et les gens pensent que cela peut faire la différence. Ce n’est pas cela qui fera la différence mais l’état d’esprit et surtout la manière d’aborder ce premier match face à la Côte d’Ivoire.
Et ce premier match sera le match des retrouvailles face à votre ancienne équipe avec laquelle vous avez remporté la CAN. Avez-vous hâte de la retrouver ou au contraire redoutez-vous ce rendez-vous ?
Tous les matchs de compétition sont un plaisir pour moi. La CAN est une compétition magnifique. Je ne suis pas africain, je ne suis pas né en Afrique. Je suis tombé amoureux de ce continent et je défendrai l’Afrique jusqu’à ma mort. Je veux me débarrasser des préjugés que beaucoup ont sur le continent africain.
RENARD : « LA LIGUE 1 ? UN CHALLENGE QUI ME FERA REVENIR OBLIGATOIREMENT »
Cette CAN sera l’occasion de retrouver votre mentor, Claude Le Roy. J’imagine que cela va être un moment particulier pour vous ?
Sans lui, je n’aurais jamais eu ce parcours en Afrique. Sans lui, je n’aurais jamais découvert ce continent. J’ai pris confiance sur ce continent. Tout ce que j’ai pu donner, on me le rend bien. Ce que j’aime dans une Coupe d’Afrique, c’est de voir des supporters de différentes équipes danser ensemble dans le stade. C’est tout ce folklore, cette fête autour du football qui rend le football plus beau.
Pour parler un peu de vous, en cas de bon parcours avec le Maroc ou de qualification pour le prochain Mondial, vous allez attirer les convoitises. La Ligue 1 fait-elle toujours partie de vos projets ? On a l’impression que l’aventure en France n’est pas terminée…
J’avais fait un bon parcours à Sochaux dans un club qui n’avait pas des moyens extraordinaires. On avait fait un bon recrutement pour faire une deuxième partie de saison exceptionnelle. Après à Lille, le résumé de la situation est très simple. J’ai disputé treize matchs pour sept matchs nuls. Il y a des coachs qui ont des moins bons résultats cette année et qui sont toujours là. Je ne pense pas être le plus mauvais. Je ne suis pas un magicien. Je ne suis pas venu au bon endroit au bon moment. Ceux qui pensent que je ne suis fait que pour l’Afrique se trompent.
Mais vous avez quand même fait vos preuves, notamment à Sochaux…
Non, parce que les détracteurs ressortiront toujours que le club ne s’est pas maintenu en Ligue 1. Moi je suis un compétiteur. La Ligue 1 est un challenge qui me fera revenir obligatoirement. Je ne sais pas quand mais je reviendrai pour prouver à ceux qui parlent toujours et qui ont une certaine conviction qu’ils se sont trompés.
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