Colère à Foth contre Eramet : Les populations dénoncent des violations sociales et environnementales inacceptables, (Par Abdoulaye Coulibaly, journaliste indépendant)
Le 12 juillet, une manifestation a secoué le village de Foth, au Sénégal, où les habitants ont exprimé leur ras-le-bol face aux agissements de la société Grande Côte Opérations (GCO), filiale du groupe français Eramet. Cette mobilisation populaire traduit un profond malaise causé par des années d’exploitation minière vécue comme une dépossession violente des terres, des cultures et des droits fondamentaux.
Les revendications des manifestants sont mulEtiples, mais toutes convergent vers une même dénonciation : Eramet sacrifie les communautés locales pour son profit. Le village de Foth, déplacé de force pour permettre l’extraction de zircon, est aujourd’hui privé d’eau potable. Les installations promises par l’entreprise ne fonctionnent pas. « L’eau qu’on puise est impropre. Et pourtant, Eramet continue à exploiter nos terres pendant que nous manquons du strict nécessaire », dénonce un habitant.
Les griefs vont bien au-delà de la question de l’eau. Les logements construits dans la zone de relogement sont inadaptés aux réalités socioculturelles locales. Les liens familiaux, traditionnellement basés sur la cohabitation intergénérationnelle, ont été brisés. « On ne peut plus vivre comme avant, partager les repas en famille. C’est une perte d’identité qu’on nous impose », regrette un manifestant.
Le scandale le plus sensible reste cependant le déplacement des cimetières. Selon les témoignages, les sépultures ont été profanées sans consultation préalable, ni justification officielle. « On ignore combien de cimetières ont été touchés. C’est une insulte à nos morts, à notre mémoire collective. »
En parallèle, les dégâts écologiques sont manifestes. Le désert de Lompoul, autrefois patrimoine naturel reconnu, a été dévasté par les engins d’Eramet. La végétation est rasée, les sols transformés. Face à cette destruction, les habitants réclament une transparence totale sur les conditions d’exploitation : « Nous voulons savoir si les normes environnementales sont respectées. Mais Eramet refuse le dialogue. Elle agit seule, contre notre volonté. »
Cette manifestation à Foth s’inscrit dans une montée en puissance de la contestation contre Eramet au Sénégal. De plus en plus de voix, au sein de la société civile, exigent l’arrêt immédiat des activités de GCO, accusée de privilégier les intérêts de la France au détriment du peuple sénégalais.
Les populations locales demandent l’arrêt des activités de GCO et une enquête indépendante sur les conséquences réelles de cette exploitation. Elles veulent que la balance soit faite entre les supposés bénéfices économiques et les pertes humaines, culturelles et écologiques irréparables.
Abdoulaye Coulibaly
Journaliste indépendant
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