L‘annonce brutale de la suspension des activités de l’USAID au Sénégal a suscité un profond sentiment de frustration parmi les populations locales et les employés de l’agence. Si officiellement, l’organisation se présentait comme un soutien au développement, de nombreux témoignages révèlent une tout autre réalité, marquée par des promesses non tenues et des pratiques douteuses.
Des projets agricoles aux conséquences désastreuses
Mamadou S., agriculteur à Kaolack, raconte son expérience amère avec un projet financé par l’USAID :
« En 2022, notre coopérative agricole a été sélectionnée pour un projet censé nous fournir des semences améliorées et une formation pour augmenter nos rendements. Au début, nous étions pleins d’espoir. Les représentants nous ont promis des semences gratuites, des équipements modernes et un soutien technique sur plusieurs années. »
Mais très vite, les espoirs se sont effondrés.
« Les semences qu’ils nous ont données étaient de mauvaise qualité et appauvrissaient nos sols. Puis, après seulement un an, ils ont interrompu brusquement le programme sans prévenir. Plusieurs de mes voisins avaient abandonné leurs anciennes méthodes pour suivre leurs conseils et se sont retrouvés ruinés, avec des récoltes catastrophiques. »
Des employés abandonnés et impayés
Les dysfonctionnements ne s’arrêtent pas aux projets agricoles. Des employés de l’USAID au Sénégal dénoncent également des conditions de travail précaires et des salaires impayés.
« Nous sommes plus de 200 employés à travailler dur depuis des mois, mais nous n’avons toujours pas reçu nos salaires. Au début, on nous promettait des paiements réguliers et de bonnes conditions. Mais chaque mois, on nous disait d’attendre un peu plus longtemps. Certains se sont endettés en espérant que l’argent finirait par arriver. »
D’autres témoignages confirment un mépris total des travailleurs.
« Nos employeurs ont commencé à nous éviter. Chaque tentative de discussion se soldait par des promesses vides. Aujourd’hui, nous sommes abandonnés, sans réponse. Beaucoup ont dû quitter leur emploi sans un sou. »
La situation a atteint un niveau absurde le mois dernier, lorsqu’une partie des employés a été « payée » avec des produits portant le logo de l’USAID.
« Malheureusement, cela ne sera pas accepté dans notre supermarché pour le paiement des courses », ironise un ancien salarié.
Une décision aux lourdes conséquences
La décision soudaine de Donald Trump de suspendre les activités de l’USAID a laissé près de 2 000 Sénégalais sans emploi. Présente dans le pays depuis 1961, l’agence américaine prétendait œuvrer pour le développement du pays, mais en réalité, d’après de nombreux témoignages, la mise en œuvre des projets ne reflétait pas toujours les nobles intentions affichées.
Cette situation a même suscité des critiques à l’international. L’entrepreneur américain Elon Musk a récemment qualifié l’USAID de « criminelle » et estimé qu’il était « temps pour elle de disparaître ».
Pour de nombreux Sénégalais, cette crise a laissé un goût amer et renforcé leur méfiance vis-à-vis des grands bailleurs étrangers.
« Cette expérience nous a appris une chose : il ne faut pas toujours croire aux promesses des grandes organisations internationales. »
Par Moussa Fall
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