C’est le 2 mars dernier que le coronavirus est entré par effraction au Sénégal mettant à nu les failles de nos dispositifs de sécurité au niveau de l’aéroport International Blaise Diagne. Depuis, les interdits s’accumulent jusqu’à ce que les rassemblements et les lieux de culte furent fermés. Mais face à la tension ambiante induite par cette dernière restriction, le Chef de l’Etat Macky Sall s’est retrouvé contre son gré entre le marteau du Covid-19 et l’enclume des lieux de culte. C’est aujourd’hui qu’il va devoir s’adresser aux Sénégalais.
C’est ce lundi 11 mai que le Chef de l’Etat va parler à ses compatriotes à 20 h. Un moment solennel qui va coïncider avec l’heure de démarrage du couvre-feu sur l’ensemble du territoire national. Mais cette adresse à la Nation ne ressemble ni à la célébration du 04 avril encore mois à une fin d’année ou un nouvel an. L’adresse à la Nation du Chef de l’Etat de ce jour va surtout être axée sur la fibre religieuse, c’est à dire la fermeture des mosquées qui avait été provoquée par la propagation du covid-19 dans notre pays.
S’il est vrai que les fidèles musulmans n’ont pas du tout apprécié la fermeture de ces lieux de culte, les chrétiens réputés réservés, eux, n’ont jamais manifesté leur désarroi à ce niveau. Seulement, des incohérences criardes ont été notées dans le coaching du pays car l’Etat qui s’est voulu musclé face à certains chefs religieux et avenants à l’égard d’autres, a crée une situation chaotique dans le pays.
Non seulement les chefs religieux se sentent divisés mais aussi, parmi eux certains n’ont pas voulu supporter la discrimination dont l’Etat fait montre à leur égard. A Léona Niassène à Kaolack, le Khalife a failli en découdre avec le commissaire central qui avait convoqué l’un des leurs accusé d’avoir dirigé une prière qui était interdite. A Yoff aussi, les jeunes s’étaient farouchement opposés à la convocation de leur guide à la police. Et au final, les forces de l’ordre ne sont pas parvenues à mettre la main sur ce guide.
Pendant ce temps, certains guides religieux diligentaient des prières collectives avec leurs fidèles sans être inquiétés. Face à cette pression qui ressemble à une bombe qui souffle en se rapprochant, le président Macky a pris la pleine mesure de ce que pourrait engendrer un désastre d’ordre religieux au sein des foyers religieux, éléments stabilisateurs de la vie sociétale.
Mais le Chef de l’Etat ne pourrait pour autant rétablir la prière dans les mosquées et laisser le covid-19 se multiplier à un rythme exponentiel. Du coup, il se retrouve entre le marteau du Covid-19 avec à la clé 1886 patients déclarés positifs, et l’enclume d’un lobbying religieux garde-fous de la société sénégalaise. Mais en tout état de cause, l’Etat doit rester fort et non flancher devant l’adversité.
Assane SEYE-Senegal7
