L’île d’El Hierro, la plus petite de l’archipel des Canaries, est devenue le nouvel épicentre de la crise migratoire en Europe. Depuis le début du mois, elle fait face à un afflux massif de migrants, principalement du Sénégal, avec une moyenne impressionnante de 500 personnes débarquant chaque jour.
La semaine dernière, le port de la Restinga a vu l’arrivée de trois pirogues transportant 413 personnes, dont des enfants. Ce chiffre est d’autant plus frappant lorsqu’on le met en perspective avec les 280 personnes arrivées sur un seul cayuco quelques jours auparavant, marquant le nombre le plus élevé de migrants depuis 2006.
La Restinga, située à l’extrême sud de l’Europe, est le point le plus proche des pays africains. En conséquence, de plus en plus de pirogues partent de ces côtes, le Sénégal étant actuellement le principal pays de provenance. À ce rythme, plus de 10.000 migrants pourraient arriver d’ici la fin de l’année, mettant une pression immense sur l’île qui ne compte que 10.000 habitants.
Cette crise humanitaire à El Hierro est souvent comparée à celle de Lampedusa. Toutefois, malgré les défis, l’île a montré une remarquable solidarité. Contrairement à Lampedusa, l’extrême droite n’a pas profité de cette situation pour faire campagne. Les habitants, au lieu de cela, ont mis en avant l’accueil et la solidarité, rappelant que les Canaries, tout comme Lampedusa et les îles grecques du Dodécanèse, ont une histoire profonde d’émigration. Beaucoup d’entre eux ont des familles émigrées vers des pays comme le Venezuela, Cuba, l’Argentine, et l’Australie.
Derrière cette crise migratoire, il y a un sentiment d’abandon ressenti envers le pouvoir central, que ce soit Madrid, Rome ou Athènes. Ces pouvoirs ont poussé de nombreuses générations à émigrer et semblent aujourd’hui délaisser ces régimes.
SARA JUPITER SENEGAL7
Comments are closed.