Dans une auberge espagnole, chacun est astreint à y mettre ce qu’il voudrait bien y mettre. La règle, que tout le monde gène tout le temps. Que chacun fasse ce qu’il veut au mépris de l’autre. Que chacun voit l’autre d’un mauvais œil. Que chacun s’enrichisse autant qu’il le souhaite, qu’importe les moyens employés. Le Sénégal devient une auberge espagnole. Une auberge espagnole où tout le monde semble se complaire de l’adversité. Quand un enfant pleure, on lui administre une raclée. Quand un adulte pleure, on dira de lui qu’il est indiscipliné. Quand un vieillard pleure, on lui montre le chemin des cimetières. Et quand une femme pleure, on l’accuse de vouloir divorcer ou alors, de rêver d’un téléphone portable dernier cri. Voilà en substance, le Sénégal en miniature. L’on tue, on l’apparente à du théâtre. L’on violente, on s’en délecte. L’on crie son ras le bol, l’on nous musèle. L’on a faim, l’on vous fait rêver de la bonne bouffe. L’on est malade, l’on vous prépare votre cercueil. L’on est pauvre, l’on vous appauvrit. L’on est riche, l’on vous enrichit. L’on veut mourir, l’on vous promet le paradis. Et quand l’on se découvre de l’auberge, l’on est peinard parce qu’on en ressortira peut-être pas. A moins que l’auberge soit transformé. A contrario, ce serait un cercle vicieux où tout est interdit et tout est permis. Cela dépendra de quel bord l’on est. Le Sénégal c’est comme une auberge espagnole. Chacun y met ce qu’il voudrait bien y mettre. Diantre !
Assane SEYE-Senegal7
