Sacré Youssou Ndour, se sont dit en choeur les rastaman et passionnés du reggae quand ils l’ont vu débarquer aux environs de 1H30 du matin, dans la nuit du 11 au 12 mai, à la prestigieuse Maison de la culture Douta Seck, pour célébrer et chanter devant de jeunes hyper heureux et décontractes à l’occasion de la 35e commémoration de Bob Marley avec le groupe du très correct et absolument rasta Amm Diop, par ailleurs fils de feu Abdourahmane Diop, un des premiers directeurs de l’école des arts qui aura compté dans la carrière de ce même Youssou Ndour.
On ne s’invente pas rasta, on l’est et le reste. Comme une chaleur qui irradie chaque partie du corps berçant le rasta dans la ferveur d’une vérité sociale qui se fait forcément revendication à l’arrivée par la puissance du verbe de ses prophètes dont Marley fut le plus illustre, le plus adulé, le reggae, encore, a prouvé, dans la fraicheur médinoise qu’il n’est pas une musique entêtante regroupant autour de ses sonorités métisses, ska, rocksteady, ment, calypso, le regroupement hétéroclite d’un mouvement rastafari arrosé jusqu’aux os et pété jusqu’à la moelle de cigarettes ou autre gandja.
Eternel tant qu’il y aura Bob et ses disciples
La nuit du 11 au 12 mai, les passionnés, Sénégalais, Africains, Européens, Asiatiques, oui ils étaient nombreux à s’être donné rendez-vous en ces lieux, ont bougé de la tête, remué leur corps, harmonisé leur pensée dans une ambiance digne et respectueuse du virtuose. Bob Marley n’a pas été massacré, les Wailers non plus.
De Khouman à Duggi Tee, Didier Awadi au formidable Yussu venu de Casamance et tant d’autres promesses du genre et du hip-hop né du reggae, les 35 ans d’absence de Nesta Marley ont été portés par des héritiers réunis par l’incroyable et très tranquille Amadou Diop, dit Amm, un jeune leader à la tête d’un groupe remarquable et talentueux que le roi du mbalax baptisera séance tenante Médina Reggae Band au milieu de sa chanson Médina jouée sur le tempo de la musique unique, reconnue dès ses premières notes comme étant celle du peuple rastafari.
C’est déjà dans un contexte suave que débarque Youssou Ndour, quelques minutes à peine après le président de la 12e Biennale et président du Conseil national du patronat du Sénégal, M. Baidy Agne qui a le mérite d’avoir sauvé la soirée pour avoir accepté de prendre en charge la facture de la sonorisation high tech fournie par 37/5 de Moustapha Diop qui, lui, court toujours derrière des sommes dues à sa structure.
Pauvre Tapha, mais ceci est une autre histoire, comme l’est d’ailleurs ce ministère de la Culture qui n’est que de nom. Une misère dans la culture ! Jack Lang devrait débarquer à Dakar.
Il faut croire d’ailleurs que certains remercieront le reggae. Il est vrai qu’il n’est plus, seulement, cette musique de revendication. Bob Marley n’est plus et Alpha Blondy est ivoirien.
Arrivé, Youssou Ndour accompagne les root’s, interprète deux tubes de son album Dakar Kingston, s’arrête sur la chanson de la rédemption et prémonitoire pour le Marley un jour de répétition, Redemption Song avant de finir sur Médine. Notes choisies pour saluer et remercier le natif de Médina revenu des States, Amm, et raconter l’histoire avec son père Abdourahmane Diop à qui il doit aujourd’hui sa carrière d’artiste.
M.Diop père partit voir un jour des années 1970 un certain Elimane Ndour pour qu’il laissa son fils faire de la musique et venir apprendre les secrets des notes dans ce qui était alors l’une des prestigieuses et courues des écoles des arts du continent, celle de Dakar dont lui-même Diop était le directeur.
Vingt-quatre heures après la sortie de « #Senegaal Reek » qui a pris le podium des ventes sur ITunes le même jour, mardi 10 mai dernier, Youssou Ndour surprenait le mouvement rasta comme pour répondre et surtout dire qu’il est aussi rasta et peut-être plus proche de Marley qu’on ne le pourrait le croire.
Après le 10, les rastafaris ont vu, vécu et compris dans la nuit du 11 au 12 mai pourquoi You est des leurs et pourquoi il est numéro 1.
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