Calfeutrés au décor bruyant des grandes capitales africaines, les motocyclistes communément appelés les « zémidjan » au Bénin, les « bend-skin » au Cameroun, les « oléya » au Togo ou les « kabou kabou » au Niger, ces motos à usage de taxi ont fait leur entrée dans le train train quotidien de la cité dakaroise. ont . De marque KTM, importées d’Asie, elles sont surnommées ici « jakarta ». Mais on arrive à se demander l’histoire de cet engin si prisé en Afrique et au Sénégal en particulier. Pour répondre à cette question, la rédaction de Sénégal plonge dans ce panorama frénétique et pleins d’irrégularités pour aiguiser votre lanterne.
Toute cette histoire de moto commence grâce à monsieur Louis-Guillaume Perreaux que la moto (sous le nom de vélocipède à grande vitesse) a été officiellement inventée et le brevet déposé en 1868. Depuis ce jour, la technique a évolué permettant aux motos d’atteindre des vitesses insoupçonnées, inimaginables, il y a cent cinquante et un (151) ans. Mais dans un pays où l’Etat a toujours voulu imposer une offre publique de transport, en particulier à Dakar, la présence d’une alternative privée compétitive dérange les habitudes. À Dakar, les modes de déplacement des citadins sont en perpétuelle mutation. À l’image du car rapide, Ndiaga Ndiaye, bus… cette nouvelle forme de mobilité urbaine prend de l’ampleur dans la capitale .
En effet, en un temps record, le nombre de motos Jakarta a pris une proportion inquiétante dans la circulation et l’Etat aussi ferme les yeux. Utilisant de longue date le transport informel (taxis clandestins, charrettes et calèches), la population découvre avec les motos-taxis un nouveau moyen de déplacement. En dépit d’un prix à la course (de 250 à 300 francs CFA, parfois plus élevé que celui des minibus, des charrettes ou même des taxis (seulement 100 à 200 francs CFA par client quand ils sont plusieurs). Les « jakarta » offrent des avantages indéniables : rapides et flexibles, ils sont disponibles à tout instant, embarquent ou débarquent le client au domicile, le mènent à son lieu de travail, à l’intérieur des marchés, dans les quartiers difficiles d’accès (pistes en sable, présence de relief). Ces motos noient d’ailleurs la présence des taxis qui supportent mal cette concurrence jugée déloyale: « Nous sommes fortement concurrencés par les Jakarta. Mais on ne lâche pas prise puisqu’on arrive à gagner correctement notre pain », indique un conducteur de taxi stationné à hauteur d’une station service à ouest foire.
Par ailleurs, des boulangers, des gardiens, des mécaniciens, des élèves, des cultivateurs ont abandonné leur « travail » pour s’adonner à cet effet de mode. Trouvant son compte dans ce nouveau moyen de transport , Julien Sati Mendy soutient que : « Ils nous facilitent beaucoup les déplacements dans la ville, nous n’avons plus besoin de faire des kilomètres de marche ». Ce trentenaire au physique sahélien affirme que ces engins ont permis de désenclaver certaines zones de Dakar surf dans la banlieue .
Ce nouveau phénomène des routes supplante alors quelques moyens traditionnels de transport comme les « taxis-clandos » et les cars. Ce qui apeure surtout les clients de ces moyens de transport, c’est l’âge des conducteurs qui varie de 15 à 17 ans souvent pour beaucoup d’entre eux. À cela s’ajoute le manque de mesures de sécurité : absence de , permis de conduire, mais aussi de papiers de l’engin. Fort de ce constat et face à une politique de développement susceptibles de donner du travail à cette jeunesse qui vit dans une extrême pauvreté avec 67,7% de taux de chômage (chez les jeunes hommes), les Djakarta continueront à parsemer le quotidien des sénégalais tenant sur ses deux roues le gagne-pain de ses conducteurs.
Sara Jupiter S7
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