Maladie des pêcheurs : Pourquoi la piste des produits toxiques est plausible !

Le déversement des produits chimiques en mer date de mathusalem. Si la communauté internationale est de plus en plus consciente de la nécessité de mettre en place des systèmes d’intervention, en cas de déversement de produits toxiques, communément répertoriés substances nocives potentiellement dangereuses (SNPD), il y a de quoi s’inquiéter pour notre pays le Sénégal. A l’état actuel des choses, l’on présume que cette maladie dite des pêcheurs qui a touché plusieurs centaines de nos compatriotes, pourrait provenir du déversement de produits dangereux dans nos eaux par les bateaux étrangers.

Depuis les années 1970, l’Union européenne encadre la problématique des déchets dangereux, à savoir les risques liés à leur élimination, leur mise en décharge et leur transfert. En 1984, elle adopte la première directive relative aux mouvements transfrontières de déchets.

À l’époque, de nombreux scandales avaient révélé un commerce international de déchets dangereux à destination des pays en développement, et en particulier, de l’Afrique de l’Ouest.

Ce trafic lucratif et légal a rapidement été jugé intolérable par la communauté internationale, selon un document de l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime.

Avec la convention de Bâle de 1989 sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et leur élimination est né le premier cadre réglementaire contraignant relatif à ce sujet.

Plusieurs autres réglementations ont ensuite vu le jour. Le Secrétariat de la convention de Bâle, l’OCDE et l’Union européenne sont devenus les principaux acteurs institutionnels qui élaborent les instruments de contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux adoptés au niveau supranational.

Pourtant, dans la réalité des choses, il en est autrement. En 2006, le Probo Koala, un navire en provenance d’Amsterdam, a débarqué ses déchets dangereux à Abidjan. L’affaire a rapidement pris de l’ampleur.

Le déversement y a engendré de graves répercussions sanitaires, économiques et écologiques. Quant au Sénégal, c’est en 1999 qu’il a réalisé l’inventaire des déchets dangereux ainsi que le plan d’action pour la gestion des polluants organiques persistants.

On distingue à cet effet la typologie des déchets avec l’existence des produits industriels, biomédicaux, radioactifs, des huiles usées, des pesticides obsolètes, des plastiques et des caoutchoucs (pneu notamment).

Suite à une opération de surveillance de l’aviation française qui secondait la direction de la protection de la surveillance des pêches sénégalaises en 2013, quatre navires industriels russes ont été surpris au large des côtes casamançaises en pleine action de pêche.

Ces navires ont été arraisonnés et les autorités ont fini par saisir l’agence Russe. L’échouement d’un navire espagnol dans le Parc national des îles de la Madeleine en 2013 avait soulevé plusieurs interrogations.

L’Almadraba Uno s’était échoué dans une zone interdite à la navigation, située à quelques kilomètres seulement des côtes Dakaroises, avec à son bord du fuel, des produits dangereux et du matériel de pêche.

A l’époque, sapeurs-pompiers, marine nationale et privés étaient intervenus sur ce bateau afin d’éviter des risques de pollution. C’est dire que la présence des navires étrangers au large des côtes sénégalaises est un danger permanent. Nos ressources halieutiques sont bradées de jour comme de nuit et des produits toxiques susceptibles d’être déversés dans nos eaux.

Si aujourd’hui plusieurs centaines de nos pêcheurs sont atteints d’une maladie cutanée dont la cause est encore inconnue, il faut regarder du côté de navires étrangers stationnés sur nos eaux. Le mal est plus profond qu’on ne le croit et l’Etat du Sénégal n’aurait aucun moyen  pour contrôler le déversement de produits dangereux dans nos eaux.

Ce qui passionne chez nous autres sénégalais, c’est le débat Macky-Idy au moment où nos pêcheurs atteints de cette maladie mystérieuse restent grabataires. Faut-il donc faire appel aux Européens pour déterminer les causes de cette maladie.

Dans ce cas de figure, il est indécent d’épingler les filets utilisés par nos pêcheurs comme la cause de cette maladie mystérieuse. Les produits chimiques venant de l’hexagone sont toujours déversés dans nos eaux car l’Afrique constitue depuis belle lurette la « poubelle » du reste du monde. Et le Sénégal est une victime !

Assane SEYE-Senegal7