Il est clair que l’emploi des jeunes constitue l’un des défis majeurs des gouvernants de notre époque. Une des problématiques donnant du fil à retordre dans presque tous les pays, riches comme pauvres. Dans les pays en voie de développement, les politiques d’emploi des jeunes foisonnent mais la plupart d’entre elles peine à trouver la voie du salut pour les jeunes.
Les causes de ces échecs sont entre autres la non-implication des jeunes même qui sont les principaux concernés en amont du déroulement des stratégies, un mauvais choix des secteurs prioritaires pour les investissements visant à créer des emplois, l’implication timide de nos secteurs privés due souvent à un défaut d’accompagnement de nos États, le manque de suivi-évaluation dans la mise en œuvre de ces politiques (comme dans bien des domaines d’ailleurs)…
Ainsi il nous faut un changement global d’approche et un appui conséquent dans les secteurs socio-économiques les plus prometteurs.
De ces secteurs fait partie sans nul doute l’agriculture qui peut aider à renverser la courbe du chômage pourvu qu’on la pratique autrement.
Au Sénégal, l’agriculture (secteur primaire) emploie près de 65-70% de la population active et pourtant elle ne produit qu’environ 10-12% de notre PIB au moment où les services (secteur tertiaire) sont à 60% du PIB.
Quoi qu’on doit maintenir nos efforts dans les services, la part de l’agriculture dans notre PIB doit évidemment augmenter. Pour cela deux défis majeurs sont à relever : l’accès à l’eau et la transformation de nos produits agricoles pour aller à l’assaut du marché international avec des produits «made in Senegal ou made in Africa ».
Notre réflexion s’oriente vers ce deuxième défi même si le premier mérite toutes les attentions car une agriculture moderne et compétitive ne peut pas s’articuler autour de saisons de pluies de seulement 3 à 4 mois, de surcroît sujettes à des aléas climatiques pouvant perturber les précipitations.
La transformation de nos produits agricoles doit davantage faire l’objet d’investissements de la part de l’Etat et du secteur privé, en ce sens qu’elle constitue le lien direct entre l’agriculture, le commerce notamment la grande distribution et les services.
La prise en charge de cette problématique nous permettra de régler (enfin atténuer plutôt, puis qu’il est impossible de les résoudre définitivement) simultanément deux problèmes à savoir le chômage des jeunes et le déficit de notre balance commerciale. L’importation de certains produits doit diminuer considérablement vu tout ce que nos agriculteurs, éleveurs…réalisent en terme de production. Et ceci ne sera possible qu’après mise en place d’un bon link entre ces derniers et les consommateurs et ce link n’est rien d’autre qu’un tissu industriel performant pour la transformation des matières premières. Il est inadmissible qu’on continue de brader nos productions aux étrangers qui, par la suite, les transforment chez eux pour enfin nous les revendre sous une autre forme.
Nous sommes au 21ème siècle où les pays qui réussissent les défis industriel et technologique domineront le reste qui pourtant détient, peut-être, l’essentiel des inputs soumis à la transformation dans les pays développés.
Cela nous permettra d’entrer, enfin, dans une ère d’industrialisation décentralisée qui doit faire tâche d’huile dans plusieurs domaines (élevage, pêche…) et in fine créer des emplois décents et durables pour une jeunesse qui attend encore des opportunités en plus de celles déjà créées.
La formation doit bien entendu être assurée en amont à travers les structures dédiées ou les industries elles-mêmes sur la base de partenariats avec l’Etat ou les collectivités.
Ousmane THIAM
Ingénieur polytechnicien
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