Moussa Ba, capitaine des U20 du Sénégal: « Le secret de notre succès au tournoi de l’Uemoa… »

Qu’est-ce que vous avez ressenti en recevant la Coupe de l’Uemoa 2016 ?

Cela a été un grand plaisir pour moi, mes coéquipiers et l’encadrement technique. Ce plaisir, nous l’avons ressenti d’abord au coup de sifflet final de l’arbitre, puis à la réception du grand trophée. Actuellement, je ne peux pas exprimer la joie que je ressens car jouer une finale, c’est déjà une grosse performance.

Vous imaginez qu’il y a forcément un sentiment de satisfaction à l’endroit des vainqueurs. Je profite aussi de cette occasion pour rendre un vibrant hommage au peuple sénégalais. Il nous a soutenus et accompagnés par des encouragements et des prières. Aujourd’hui, je peux dire que sans le soutien des Sénégalais, on ne serait pas parvenus pas à réaliser ce grand succès.

Dans ce tournoi de l’Uemoa réservé aux seniors, le Sénégal a présenté des joueurs de moins 20 ans. Comment êtes-vous parvenus à vous imposer devant ces sélections ?

C’est vrai nous sommes des jeunes mais cela importait peu pour nous. Le secret, c’est que nous vivons en famille. Il  y a une entente entre nous.  En plus de cela, nous avons un bon encadrement. Le staff technique et l’équipe médicale ont beaucoup travaillé pour nous mettre dans des conditions de performance. Cela nous a permis de donner le meilleur de nous. Je peux dire que ce sont ces deux facteurs qui ont été déterminants dans la victoire finale. Nous n’avions pas le droit d’avoir peur face à nos adversaires.

Mais à quel moment vous avez senti que vous pouviez remporter le trophée car il y a des personnes qui doutaient de vos capacités ?

C’est normal que des personnes aient des doutes sur nos aptitudes à réaliser cette performance. Mais en ce qui nous concerne, nous avons confiance en nous-mêmes. Nous n’avons jamais pensé à une élimination prématurée. L’objectif de l’équipe était de jouer le tournoi pour préparer la Can de 2017 mais nous avions aussi l’ambition de remporter ce trophée. En quittant Dakar,  notre entraîneur, Joseph Koto, avaient attiré notre attention sur cela. Nous avons toujours cru en notre chance de remporter le trophée. Et Dieu merci, nous l’avons réalisé !

Le tournoi de l’Uemoa servait de préparation pour Coupe d’Afrique des nations (Can) U20 de 2017 en Zambie. Après la compétition,  est-ce que vous êtes satisfait de la prestation de l’équipe ?

Notre objectif était de préparer la Can des moins de 20 ans. Je pense que  nous avons réussi la mission qui nous a été assignée. Certes, nous avons remporté la Coupe de l’Uemoa, mais nous savons qu’il y a une grande différence entre ces deux compétitions. Pour le tournoi de l’Uemoa, l’entraîneur, l’encadrement technique et médical vont faire le bilan pour évaluer les prestations du groupe. Cela leur permettra de travailler les aspects négatifs pour éviter d’éventuelles difficultés à la Can.

Remporter la Coupe de l’Uemoa ne constitue pas une source de pression pour vous, vu que les autres équipes vont vous préparez sérieusement ?

Cela n’est pas une pression pour nous. Le Sénégal est vice-champion en titre.  Donc nous savons déjà que les autres équipes vont nous réserver une préparation sérieuse. Mais cette victoire finale est avantageuse pour nous car   elle va avoir un impact sur le mental de nos adversaires. Mais nous devons garder le calme et la sérénité et ne pas dormir sur nos lauriers. Sinon, on peut se verser dans l’autosatisfaction et sous-estimer les autres équipes. Mais je pense que le groupe a dépassé ce stade. Nous allons continuer le travail pour faire une bonne prestation en mars 2017, en Zambie.

‘’Nous n’allons pas à la Can 2017 pour jouer les seconds rôles’’

Quel est l’objectif de l’équipe dans cette Can ?

Notre ambition, c’est de remporter cette coupe et nous qualifier au prochain Mondial. Nous savons que ça ne sera pas une chose aisée. Nous partageons le groupe B avec le Soudan, le Cameroun et l’Afrique du Sud. Cette poule est très difficile, il n’y aura pas de match facile. Les équipes ont sorti au moins deux formations pour se qualifier. Mais en tout état de cause, le groupe va se préparer davantage. Nous n’allons pas à cette compétition pour jouer les seconds rôles.

Aujourd’hui, vous êtes promu capitaine de l’équipe des mois de 20 ans. Comment vivez-vous ce titre ?

Je suis le plus ancien de l’équipe. C’est pourquoi les journalistes me surnomment le rescapé de Nouvelle-Zélande  (Ndlr, pays hôte de la Coupe du monde U20 en 2015). C’est vrai que j’ai intégré l’équipe de 2015 après la Can  mais j’ai beaucoup appris avec elle. J’ai eu l’avantage de cohabiter avec deux générations. Aujourd’hui, grâce à cette expérience, je joue pleinement le rôle de doyen à l’égard de mes petits frères. Je les aide dans leur positionnement sur le terrain. Je les remercie pour leur collaboration. Ils l’ont accepté et ont compris mes conseils.

Lors du Mondial 2015, vous avez été personnellement en difficulté…

Cette compétition n’était pas facile pour moi. J’ai rejoint l’équipe à la veille du  troisième match de poule. J’avais fait un voyage de trois jours pour arriver en Nouvelle-Zélande. Quand je suis arrivé, j’ai été handicapé par  les changements climatiques. Je ne pouvais pas donc jouer aussitôt car l’équipe était déjà soudée. Les joueurs avaient déjà joué ensemble la Can au Sénégal.

Il n’empêche que l’entraîneur m’a offert l’opportunité de jouer en quart de finale, puis en demi-finale contre le Brésil. Lors de la 3e place face au Mali, il m’a titularisé, mais malheureusement, j’ai été expulsé injustement à la 40e minute pour cumul de contons jaunes. Et j’ai été réconforté par des agents de la Fifa (Fédération internationale de football association) et d’autres arbitres quand j’ai regagné les vestiaires. Ils m’ont dit que la faute était à ma faveur. Mais ce n’est pas grave. Cela arrive toujours en football. Il faut toujours jouer avec les erreurs d’arbitrage.

Comment s’est passé votre formation à Aspire ?

J’ai fait quatre années de formation dans ce centre. Actuellement, je suis en négociation pour signer un contrat. J’ai appris beaucoup lors de mon passage à Aspire. Le football de ce centre est différent de celui pratiqué au Sénégal. C’est une sélection de joueurs talentueux. Dans chaque pays, on sélectionne deux ou trois adolescents qui vont former une promotion. J’ai rencontré des joueurs très talentueux. La formation est intensive et nécessite des sacrifices de la part des joueurs.

C’est aussi une formation complète et transversale. L’autre avantage, c’est la croisée des cultures et des civilisations. Il y a des Africains, des Asiatiques et des Sud-Américains et il faut s’adapter à leurs cultures. La formation est complétée par des matchs amicaux et tournois internationaux. Quand nous sommes au Sénégal, nous jouons avec des clubs de la Ligues 1 et 2.  Nous jouons également des matchs amicaux avec les grands clubs du monde : FC Barcelone, Real Madrid et d’autres équipes d’Angleterre et d’Allemagne. C’est une grande expérience pour moi.

Vous évoluez aujourd’hui dans l’axe central alors que votre poste de prédilection est  milieu défensif.  Qu’est-ce qui a entraîné cette polyvalence ?

Je n’avais jamais pensé jouer en défense centrale. J’ai réussi mes tests d’entrée à Aspire avec le poste de milieu. Mais les défenseurs centraux sélectionnés dans notre promotion étaient de petite taille. C’est pourquoi, mes encadreurs  m’invitaient à jouer en défense centrale car j’étais le plus grand du groupe. C’est comme ça que j’ai été transformé en défenseur.

Aujourd’hui, c’est un avantage pour moi. Je suis devenu polyvalent, j’évolue toujours dans les deux secteurs : défense centrale et milieu de terrain. D’ailleurs, lors de notre match contre la Guinée-Bissau au tournoi de l’Uemoa (victoire 5-0 du Sénégal), j’ai joué comme milieu récupérateur en seconde période.