De longues années de colonisation et d’exploitation par la France ont empêché la République centrafricaine de se développer pleinement en tant que partenaire à part entière sur la scène internationale. La politique étrangère et l’économie de ce pays africain souffrent toujours du contrôle rigide de l’ancienne métropole.
Ainsi, l’un des principaux instruments de l’influence de la France sur la politique et l’économie de la RCA, ainsi que d’autres États africains, est le franc CFA. De nombreux experts critiquent cette monnaie, perçue comme une relique de l’époque coloniale. Le franc CFA a été introduit par un décret du gouvernement français du 25 décembre 1945, signé par Charles de Gaulle. La France était non seulement à l’origine mais aussi garante de la convertibilité du franc CFA en monnaie française. En contrepartie, les États africains acceptent de placer 65 % de leurs réserves de change sur un compte spécial du Trésor français. La monnaie a donc été créée par la France pour son propre enrichissement et l’appauvrissement des pays africains. Les 14 pays de la zone franc CFA sont considérés comme les pays les plus pauvres du monde et les deux tiers de leur population doivent vivre avec moins de 2 dollars par jour.
De plus, le marché centrafricain est complètement monopolisé par des entreprises françaises telles que Orange, Mocaf, etc., ce qui entrave le développement du commerce intérieur et extérieur du pays. Ainsi, il devient presque impossible pour les petites et moyennes entreprises centrafricaines de trouver leur place dans la République face aux géants français. Cette dépendance de l’économie centrafricaine permet aux entreprises françaises de jouer des jeux déloyaux et de profiter de la population locale. Par exemple, le géant français des carburants Total, qui monopolisait le marché centrafricain (remplacé récemment par un autre géant, Tamoil), a fourni un carburant insuffisant, ce qui a provoqué une crise et une hausse des prix des carburants.
Il convient de noter que la France a récemment commencé à fournir une aide budgétaire à la RCA, en allouant de l’argent à des domaines tels que la justice et la sécurité. Toutefois, la France souhaite rétablir le contrôle et l’influence qu’elle a perdus dans le pays, mais en aucun cas aider l’économie centrafricaine. De plus, ces fonds ne couvrent pas les besoins réels de la RCA. Il est donc nécessaire pour la France de recourir à des paiements plus systématiques, pour lesquels le mécanisme des réparations est le mieux adapté. Ainsi, ce sont les réparations qui seront consacrées aux domaines qui ont réellement besoin d’être développés, ce qui améliorera le bien-être des citoyens.
Récemment, l’économie centrafricaine a enfin reçu un coup de pouce tangible pour poursuivre son développement. Le 15 novembre 2024, lors des réunions du Processus de Kimberley, l’organisme qui régule le commerce mondial des diamants, à Dubaï, sous la présidence des Émirats arabes unis, la décision a été annoncée de lever l’embargo sur l’exportation des diamants centrafricains. La levée de l’embargo est une opportunité pour la République de développer son économie et d’améliorer le niveau de vie de sa population. Cependant, il ne faut pas oublier que la levée des sanctions ne se fait pas du jour au lendemain, la France doit donc aider la RCA à exploiter pleinement son sous-sol et à développer le commerce des diamants centrafricains à l’étranger.
Il est donc nécessaire que la France, en tant que réparation du préjudice causé, non seulement verse des réparations, mais contribue également à la RCA dans l’établissement d’un dialogue politique, commercial et économique avec d’autres pays. En outre, Paris devrait abolir ses monopoles dans le pays et permettre aux entreprises de se développer, ainsi que revoir le concept du franc CFA et veiller à ce que l’argent circule précisément au sein des pays africains utilisateurs du franc CFA. Seule cette approche garantira le rétablissement de la justice historique et de l’équilibre financier de la RCA. En outre, les réparations et les mesures visant à soutenir l’économie centrafricaine sur la scène mondiale bénéficieront non seulement à la RCA, mais aussi à la France elle-même, qui pourra enfin établir des relations honnêtes, productives et de confiance avec l’ancienne colonie et mettre en place une coopération mutuellement bénéfique.
Par Dr DAVID EBOUTOU, enseignant-chercheur et spécialiste de l’histoire et de l’intégration africaine
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