QUIPROQUO AUTOUR DE L’IMMUNITE DE YAHYA JAMMEH ET DES SIENS Barrow pas en phase avec la Cedeao, l’UA et l’ONU

Le nouveau Président de la Gambie, Adama Barrow, s’est expliqué hier sur l’exil de Yahya Jammeh en Guinée équatoriale et sur la situation dans son pays.

Promettant de retourner dans les brefs délais à Banjul, Barrow a estimé sur les ondes de la Rfm que le départ de Jammeh en exil en Guinée équatoriale, s’explique par le fait que le nouveau régime qu’il va diriger dans les prochains jours sera dans l’incapacité d’assurer la sécurité de l’ancien Président.

Il a estimé qu’il était impératif, pour lui, que Jammeh quitte la Gambie. Car, à en croire le nouvel homme fort de Banjul, Jammeh avait souhaité rester en Gambie. Il a assuré cependant que la destination de l’ancien président importait peu pour lui et que l’essentiel est qu’il quitte la Gambie.

Toujours dans le même ordre d’idées, il a fait savoir que ce qui a poussé l’homme de Kanilaï à négocier, c’est plus la présence militaire des pays de la Cedeao qu’autre chose. Il a assuré que certes tout le monde a des amis à appeler en cas de difficultés, mais, Yahya s’est finalement rendu compte qu’il y avait une force supérieure à la sienne, qui est prête à le déloger. D’où le recours aux présidents mauritanien et guinéen qui seraient ses amis.

A l’en croire, la voix diplomatique n’a fonctionné que parce les forces armées étaient là, prêtes à en découdre. Barrow a fait aussi état du fait qu’aucune garantie n’a été donnée à Jammeh quant à une quelconque impunité ou immunité.

A l’en croire, le document qui circule ne fait que résumer les vœux ou souhaits de celui-ci. Mais qu’à leur niveau, en tant que nouvelles autorités, elles vont mettre en place une Commission indépendante qui va enquêter sur tout ce qui s’est passé pendant cette période. Et c’est à partir de ce moment seulement qu’il pourra prendre des décisions en toute lucidité.

Cette sortie rejoint celle du Ministre des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, qui faisait remarquer hier, dans les médias, qu’il était très surpris de voir un document qui circule et qui contiendrait les conditions d’immunité de Jammeh, relativement notamment à sa personne, celle de ses proches, ses biens et la possibilité de retourner en Gambie à tout moment.

Le Ministre faisait remarquer qu’un tel document ne saurait être signé par l’Union africaine ou la Cedeao sans que le Président Barrow ne soit mis au parfum. Ce dernier est donc formel, Jammeh n’a obtenu de garantie sur rien.

Des déclarations, qui semble-t-il, sont en porte à faux avec une déclaration commune publiée peu après le départ de Jammeh, par la Cedeao, l’Union africaine et l’ONU. Ces organisations y ont annoncé garantir ses droits, y compris à revenir dans son pays, saluant sa « bonne volonté » pour parvenir à un dénouement pacifique de la crise. Et dans ces déclarations ont été relayées dans plusieurs médias hier y compris Jeuneafrique dans son site.

Les trois organisations assurent ainsi qu’elles veilleront à soustraire Jammeh, avec les siens, aux tentatives de « harcèlement » et de « chasse aux sorcières ». Elles se portent également garantes des propriétés de ce dernier, de sa famille, des membres de son régime ou de son parti, selon le texte. N’est-ce pas là une divergence de vue entre le nouveau Président et les organisations internationales qui l’ont soutenu ?

Et ces quiproquos s’expliquent certainement par le fait que le nouveau Président n’a pas été associé aux négociations. Ce qui serait difficile. A propos de sa gestion future, Barrow tend la main à tous les fils de la Gambie. Et pour ce faire, une instance se chargera de récolter les CV ou diplômes de tous les fils du pays qui sont assez outillés pour apporter quelque chose à la Gambie.

Il a par ailleurs salué la gestion de la crise par la Cedeao et magnifié la Sénégambie qui, pour lui, ne signifie pas forcément une confédération, mais une amitié assez forte pour, ensemble, relever les défis. Il a exhorté tous les Gambiens qui le désirent de rentrer au pays dans un élan d’unité nationale afin d’inaugurer la nouvelle ère, celle de la démocratie.

C’est pourquoi tous les dossiers importants comme la construction du pont, si chère au Sénégal, seront examinés avec responsabilité afin de prendre les mesures qui s’imposent. Adama Barrow promet que son investiture sera aussi fêtée en Gambie dans les prochains jours. Il a aussi tenté de convaincre ses détracteurs et montré une posture de chef d’Etat qui va travailler à la reconstruction de son pays.

C’est pourquoi, il n’est pas sûr qu’il va respecter l’accord politique des trois ans de régime. Il argue déjà l’énormité des charges qui l’attendent et s’inscrit dans la posture de quelqu’un qui va profiter pleinement de la Constitution. Comme quoi, Barrow, s’y plaît déjà, au pouvoir…

source – rewmi