RÉMUNÉRATION – Macky drague les chefs de village
Après leur avoir coupé les indemnités acquises sous le régime de Me Abdoulaye Wade, Macky Sall a décidé d’accorder aux chefs de village une rémunération. Une façon de les draguer à quelques semaines des prochaines législatives.
« Dans le même esprit de développement solidaire et inclusif, j’ai demandé au gouvernement d’étudier les conditions de rémunération des chefs de village, qui, en tant que relais indispensable de l’administration, exercent une mission de service public, souvent à leur propre charge. » Cette phrase a été lâchée par le Président Macky Sall lors de son discours du 3 avril. Autrement dit, le président de la République veut payer des salaires aux chefs de village. Pourtant, c’est le même Macky Sall qui avait retiré aux chefs de village tous les avantages que leur avait accordés le régime de Wade.
En effet, le mardi 19 juillet 2011, à quelques mois de la présidentielle de 2012, le Président Abdoulaye Wade avait reçu 2000 chefs de village venus des différentes régions du pays. Cette rencontre avait été précédée d’une tournée de Me Ousmane Ngom, alors ministre de l’Intérieur. Ce dernier avait recueilli les doléances des chefs de village. Au cours de la rencontre tenue à Yoff, Wade leur promet salaires, véhicules et même armes à feu pour assurer leur sécurité. Mais il a fallu l’arrivée de Macky Sall au pouvoir pour que tout change. Même les véhicules des chefs de village leur sont retirés.
Cinq ans après, Macky Sall semble regretter son acte. Aussi voudrait-il accorder une rémunération aux mêmes chefs de village. C’est qu’au-delà des arguments sur « la mission de service public » des chefs de village, Macky Sall pose un acte éminemment politique. A quelques semaines des législatives, le président de Benno Bokk Yakaar ne veut surtout pas avoir les chefs de village contre lui. Ce qui serait un risque sérieux de perdre l’électorat du monde rural. Et puis, donner des moyens aux chefs de village, c’est aussi les aider à participer à la bataille électorale de juillet 2017, mais aussi et surtout celle de 2019. Sauf que tous les moyens accordés aux mêmes chefs de village en 2011 n’avaient pas permis à Wade d’éviter la défaite à la présidentielle de 2012.
