29ième session du CNC : Le ministre Alioune Badara Dione entend tirer le « meilleur profit » des conclusions et recommandations validées 

Le ministre de la microfinance et de l’économie sociale et solidaire a présidé, ce jeudi 25 juillet, la cérémonie d’ouverture de la 29^ème session du Comité national de Coordination des Activités de Microfinance (CNC). Une occasion pour Dr Alioune Badara Dione d’échanger avec les acteurs pris dans leur diversité, sur des questions de premier plan.

L’autorité a d’emblée salué et magnifier l’élan de solidarité et de convergence, « qui s’est manifestée une fois de plus« , à travers la parfaite mobilisation des acteurs. Dr Dione estime que ce n’est point une surprise pour lui, dans la mesure où depuis sa prise de fonction, il a noté avec attention, l’adhésion des acteurs à son modèle économique, articulée autour du PROJET, sous l’impulsion du Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye et sous la coordination du le Premier ministre Ousmane Sonko.  « Cette communion est fortement perceptible dans les échanges que j’ai eu avec l’AP-SFD Sénégal mais aussi à l’occasion des activités que nous avons pu mener au courant du trimestre écoulé. J’en garde une bonne impression car j’ai ressenti une parfaite adhésion aux exigences de performances qui sous-tendent notre philosophie d’intervention. Je suis tout aussi heureux pour tous les efforts menés en direction d’une institutionnalisation du CNC, qui est devenu une réalité forte dans notre écosystème« , a-t-il déclaré.

Selon le ministre, l’obtention de résultats positifs dans un domaine aussi exigeant que l’intermédiation financière, suppose un engagement permanent et un sens élevé de l’intérêt général pour cultiver les vertus comme l’intégrité (jub) et la droiture (jubbal) gages de « notre réussite, dans cette quête de transformation systémique qui exige aussi la rectification sans faiblesse (jubbanti) de toutes les situations d’injustice et d’iniquité. »

Vitalité du secteur de la microfinance

Dans la foulée, il indique que la vitalité du secteur de la microfinance au Sénégal n’est plus à démontrer. Et dire que selon les statistiques récentes, le poids du secteur au 31 décembre 2023, représentait 4 306 771 membres/clients, 297 SFD avec plus de 905 points de services avec un taux d’inclusion financière de la microfinance qui s’élève à 19,7% au moment où les encours d’épargne et de crédit s’affichent à 570,5 milliards et 752,6 milliards respectivement. « Ces résultats montrent sans équivoque que la microfinance contribue de manière très appréciable au financement de l’économie du pays« , a-t-il assuré.

Comme vous le savez, poursuit-il, la microfinance occupe une place importante dans les politiques publiques de développement économique et sociale de la nation. « Harmonisé à l’économie sociale et solidaire, elle supporte une plus lourde responsabilité celle de permettre à l’ESS de devenir la solution finale de la crise de l’emploi des jeunes. Il est donc normal et attendue fortement que la microfinance fasse l’objet d’une considération aussi appréciable de la part du Gouvernement du Sénégal en cohésion avec le poids qu’il occupe dans le PROJET. De ce point de vue, la microfinance constitue forcément un des leviers sur lesquels comptent s’appuyer Monsieur le Président de la République pour atteindre les objectifs de souveraineté économique et de développement endogène des populations fixés au Gouvernement sous la coordination du Premier Ministre. C’est pourquoi, il est attendu le renforcement de vos interventions dans l’accompagnement des politiques publiques, dont l’objectif est de mettre la microfinance au service de l’Économie Sociale et Solidaire et de faire de cette dernière un vecteur puissant de création d’emplois et de richesses partagées« , a-t-il détaillé.

Mission

Le ministre de la microfinance et de l’économie sociale et solidaire assure qu’ils comprennent tous l’importance de la mission qui les attend. Et dire qu’au-delà des certitudes établies sur la performance globale du secteur depuis sa création, des défis très importants se présentent tous les jours. Il s’agira, dit-il, pour eux de les transformer en opportunités. Non sans souligner que l’avènement de la nouvelle loi uniforme devant régir la microfinance, constitue à lui tout seul un immense chantier. « Dans cette perspective, mon département a décidé de réaliser, dans une démarche toujours inclusive et participative, une étude destinée à construire avec vous une stratégie de co-construction dans la mise en œuvre de cette importante réglementation, qui suscite beaucoup d’interrogations. En effet avec l’instauration d’un capital minimum, un dispositif de gouvernance plus exigeant, l’obligation de disposer de SIG très performants, l’implémentation de cette réforme pourrait apparaître comme un obstacle difficile à surmonter pour les institutions d’une taille relativement modeste. Sans parler du traitement des IMF en difficultés, qui même sans la réforme, vivent des temps difficiles« , martèle Dr Dione.

29ème session du CNC 

Selon le ministre, la 29ème session du CNC  vise à partager et à échanger sur l’étude portant sur le thème « les taux d’intérêt appliqués à la clientèle des Systèmes financiers décentralisés ». Une étude réalisée par son département, à travers le Fonds d’impulsion de la microfinance et avec la coordination de la Direction de la Microfinance et de l’Inclusion financière. Embouchant la méme trompette, il affirme que cette importante étude leur propose une évaluation de la situation des taux d’intérêt débiteurs appliqués par les SFD et formule des recommandations qui pourraient contribuer à leur allègement. « Comme vous le savez, la question des taux d’intérêt est devenue trop chargée au regard des passions qu’elle soulève, des incertitudes qu’elle suscite, des difficultés d’analyse qu’elle laisse souvent entrevoir. Elle ne laisse personne indifférent, du fait de la place qu’elle occupe dans la recherche de rentabilité, comme dans l’atteinte d’une inclusion sociale. C’est dans cette volonté de conciliation des équilibres économiques et sociaux que repose la réussite de cette mission qui s’impose aux autorités monétaire et politique, qui sont les garants de la juste mesure, porteuse d’une stabilité financière équitable et durable« , a-t-il fait savoir.

L’étude en question a permis de révéler entre autres que « 73% des SFD ont procédé à l’allègement des conditions de leurs crédits à la suite de la baisse du taux d’usure de 27% à 24% en 2014, que la rentabilité des SFD est limitée par un certain nombre de facteurs internes, à savoir : la forte dégradation de la qualité du portefeuille, les coûts opérationnels élevés, une tarification inadéquate des produits de prêt« .

De même, poursuit l’autorité, des facteurs exogènes ont eu à affecter négativement la performance des SFD. Peuvent être soulignés parmi ces facteurs souligne Dr Alioune Badara Dione, l’inflation, la fiscalité, la réglementation prudentielle, l’étroitesse du marché de refinancement, les facteurs environnementaux, les changements dans la législation du travail et la crise sanitaire de la covid-19, etc….

Le ministre qui ne souhaite pas anticiper sur les débats, que pourraient susciter la présentation de cette étude, a jugé nécessaire de se poser quelques questions : « L’existence d’une offre diversifiée, souple et adaptée au profit des populations démunies ne devait-elle pas être la première exigence des institutions de microfinance ? La digitalisation accrue des produits et services ne devrait-elle pas permettre une baisse sensible des coûts au profit des mêmes cibles ? Quel est l’impact social des interventions de l’État soutenu par les partenaires techniques et financiers ?« , s’interroge-t-il.

Dire qu’un débat structuré sur ces questions ne peut être profitable que si les acteurs s’interrogent sur l’importance de la dimension sociale de la microfinance et sa portée dans une économie souverainiste qui vise la prospérité.

Invite aux acteurs 

Dr Alioune Badara Dione a également invité les acteurs à faire preuve d’ingéniosité et d’inventivité pour offrir des services financiers accessibles, afin d’inverser la perception négative des populations sur les produits de la microfinance. « En tout état de cause, le délaissement, par les SFD, des cibles « naturelles », dont une bonne partie est constituée d’acteurs ESS, pourrait contraindre l’État à poursuivre des interventions directes dans le crédit en vue de desservir les populations démunies à accéder au financement. Même si cela n’est pas viable à moyen long terme, l’État ne pourra pas croiser les bras face à la détresse des populations« , a-t-il fulminé indiquant que l’État compte sur les acteurs pour ne plus avoir besoin de faire des interventions directes au profit des populations tout en sachant que lesdites interventions sont de nature à « polluer » le secteur.

Mise en place d’une nouvelle approche 

Le ministre a annoncé que son département a mis place une nouvelle approche d’intervention dénommée « nouvelle stratégie de financement ciblé ». Cette stratégie, dit-il, repose principalement sur des critères, comme « l’identification des cibles porteuses d’initiatives économiques à fort impact social et financier, le financement prioritaire des acteurs de l’économie solidaire, la recherche de la contribution à l’atteinte de la souveraineté alimentaire et à la substitution aux importations« .

Dr Dione entend tirer le meilleur profit des conclusions et recommandations validées par le CNC. A ce titre, assure-t-il, la remontée qui lui sera faite sera portée à l’attention des Hautes Autorités pour apporter une réponse à la mesure des attentes et des aspirations. « Je voudrais pour terminer remercier tous les acteurs qui se sont mobilisés pour donner une impulsion profonde et dynamique à ce secteur, qui a besoin de vitalité pour vaincre les inerties et donner espoir aux bénéficiaires finaux notamment les jeunes qui ont tant sacrifié pour le changement systémique de ce pays et les femmes qui, en attendant, leurs permettent de supporter les épreuves vers des lendemains meilleurs que nous sommes obligés de construire avec vous, avec eux et avec elles« , a-t-il conclu.

Birama Thior – Senegal7