2019 ou 2024 ? L’inventaire du legs de Macky se fera inéluctablement. Une guerre fratricide entre prétendants au trône où les armes, conventionnelles et non conventionnelles, vont tonner.
Un dicton africain recommande de ne point parler de l’héritage du roi tant que celui-ci est en vie. Mais, à l’Apr, on sait que, quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle du 24 février 2019, elle consacrera inéluctablement la fin d’un cycle et le début d’un autre. Dans cette formation, née seulement en 2008 et qui s’est frottée aux élections en 2009 dans le cadre de Dekkal Ngor, ont émergé des jeunes loups aux dents suffisamment acérées pour prétendre à l’héritage de Macky Sall qui, à moins qu’il n’ait piqué le virus du troisième mandat, devra, au plus tard, passer le flambeau en 2024. Se pose et se posera l’inévitable équation de celui qui va lui succéder. Une sorte de bataille entre légitimistes et réformateurs version «beige-marron». Le premier camp étant incarné par Abdoulaye Daouda Diallo, Mme Aminata Touré, Moustapha Cissé Lô, Harouna Dia, Mbaye Ndiaye, pour ne citer que les plus en vue. Le second, porté par Amadou Bâ, Cheikh Oumar Anne et d’autres derniers venus de l’arène mais qui bénéficient de soutiens d’éléments centraux de la galaxie Sall tels Farba Ngom qui, sans pouvoir prétendre au trône, pousse à la roue pour y accéder, Mamadou Racine Sy, etc. Déjà, les deux camps affûtent les armes et échafaudent leurs stratégies qui vont au-delà de la Présidentielle de 2019.
Le camp légitimiste repose donc sur les frêles épaules d’un Abdoulaye Daouda Diallo, débarqué du secrétariat général de l’Ipres pour collusion avec l’ennemi et envoyé au garage du Bloc Fiscal où il était réduit à faire sa revue de presse quotidienne. Avec, ironie de l’histoire, comme patron, un certain Amadou Bâ, alors Directeur général des Impôts et domaines. Entre les deux, c’est je t’aime, moi, non plus. De sorte que quand Macky a voulu se débarrasser du tandem de banquiers que sont Abdoul Mbaye et Amadou Kane, il lui fallait trouver un point de chute à Abdoulaye Daouda Diallo, alors ministre du Budget, pour éviter toute incompatibilité d’humeurs. Diallo à la Place Washington, Bâ, à Peytavin, les vaches sont bien gardées, pour le moment. Tout ce qui les réunit, c’est la table du conseil des ministres. Ministre des Finances, Amadou Bâ tisse sa toile et se défait de son costume de techno, nez constamment dans les chiffres, pour mettre les deux mains dans le cambouis politique. Non pas au Fouta, mais aux Parcelles assainies où il lui faut, coûte que coûte, trouver une base. Alors, lui à Dakar, son frère ennemi au Fouta, la bataille est différée de quelques mois ou années. Mais, pour ne point se laisser surprendre, chacun tisse, de son côté, son réseau de relations.
L’autre forte tête de cette bataille de succession avant l’heure, c’est Mimi Touré. Une des têtes pensantes du Yoonu Yokkuté et porte-étendard de la candidature de Macky Sall dont elle a déposé le dossier au greffe du Conseil constitutionnel, Mme Touré, outre un caractère trempé, jouit d’une certaine légitimité au niveau de la sphère présidentielle. Ministre de souveraineté puis Premier ministre, son ambition présidentielle ne saurait point être analysée comme une prétention. C’est une suite fort logique. La seule tache noire de sa trajectoire, c’est sa défaite historique devant Khalifa Sall à la mairie de Dakar. Bombardée Envoyée spéciale du président de la République sans cahier des charges précis, Mimi a le temps de jouer les gilets pare-balles du régime voire de tâter la politique à Kaolack d’où elle compte débuter sa trajectoire pour la reconquête des honneurs perdus. Sa part d’héritage, elle ne la vendangera pas pour un sou.
Les autres -et ils sont nombreux- seront obligés de se déterminer après 2019. Moustapha Cissé Lô a, lui, annoncé les couleurs en signifiant, à qui veut l’entendre, qu’après Macky, il ne se rangera derrière personne.
Quel rôle pour Macky dans ce jeu d’intrigues, d’intérêts et d’influence ? Deus ex machina, il aura forcément son mot à dire.
