Aucune coalition n’a obtenu la majorité absolue à l’issue de ces élections législatives du 31 juillet 2022.Une première dans l’histoire politique du Sénégal. Les coalitions en lice crient victoire en même temps en raison surtout de cette dynamique inédite perçue comme un vent de changement dans la gestion du pays. Benno bombe le torse tout en sachant qu’elle ne peut plus gouverner à sa guise sans l’opposition. L’opposition aussi ragaillardie par un score jamais décroché, parle plutôt de cohabitation. Ce concept renié par les uns et invoqué par les autres apparait aujourd’hui comme une onde de choc dans un Sénégal où le régime hyper présidentialiste a fini de montrer ses limites. Immersion.
Le concept « Cohabitation », l’opposition semble le porter en bandoulière, ou du moins dans le verbe. Et avec frénésie d’ailleurs. Quant au pouvoir, il le renie à grands renforts d’arguments et pourtant, les résultats provisoires publiés hier jeudi par la Commission nationale de recensement des votes dirigée par le premier président de la Cour d’appel de Dakar,Aly Ciré Bâ, campent le décor d’un semblant de cohabitation.
Pourquoi diantre Benno éprouve-t-elle de l’aversion pour ce concept rabâché à tout-va ces derniers temps ? Benno arrive en tête avec 82 députés, suivie de l’inter-coalition Yewwi-Wallu avec 80 députés. Pape Djibril Fall,Thierno Alassane Sall et Pape Diop engrangent chacun un député.
Forcément, les deux grandes coalitions devront nouer des alliances avec ces trois députés pour avoir la majorité absolue. Leurs voix seront décisives lors de l’élection du Président de l’Assemblée nationale. Ce qui augure des combinaisons jamais vues dans l’histoire de l’Institution parlementaire de notre pays.
Toutefois, la difficulté de la coalition Benno Bokk Yakaar est d’autant plus grande que si avec le jeu des alliances elle réussit à décrocher un député pour avoir la majorité absolue à 83, elle peut faire passer les lois ordinaires. L’équation des lois organiques demeure cependant car il faut une majorité qualifiée de 99 députés pour leur adoption.
Ce qui ne sera certainement pas une mince affaire pour la mouvance présidentielle. Dans ce méli-mélo, pourquoi rejeter le concept de « cohabitation et lui trouver une autre connotation qui lui est mitoyenne comme « coexistence ».
Quelle est la différence entre « cohabitation » et « coexistence » ? « La cohabitation désigne la coexistence institutionnelle entre un chef de l’État et un chef du gouvernement (issu de la majorité parlementaire) politiquement antagonistes. »Si l’opposition ne sera pas minée par des querelles d’intérêt manifestes ou latentes, elle pourrait bien imposer une forme de « cohabitation » à Benno.
Même si par ailleurs, le PM n’émane pas d’elle, celle-ci pourrait bien contrecarrer ses actions au sein de l’hémicycle. Mais au cas où une partie de l’opposition serait susceptible d’être manipulée par le pouvoir, il y a fort à parier que l’on vivra surtout une forme de coexistence différente de la «cohabitation » mais qui peut mener à des blocages institutionnels.
De toute évidence, ce concept « cohabitation » nourrit bien des appréhensions de la part du pouvoir qui l’enraye de son vocabulaire. Ce qui fait que les « matières grises » comme Pr Ismaila Madior Fall défendent urbi orbi que la « cohabitation est inopérante au Sénégal. Ce concept « burlesque » n’a apparemment pas encore fini d’étendre son onde de choc sous nos cieux.
Assane SEYE-Senegal7
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