Dossier: Les maladies cardiovasculaires: Un assassin non inquiet dans le monde noir
Un investigation de recherche sur le phénomène impitoyable du taux des maladies cardiovasculaires nous a conduit vers le Docteur Simon Joël Manga, cardiologue à l’hôpital de la paix de Ziguinchor et enseignant chercheur à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. L’éminent Docteur s’est prononcé sur le phénomène des maladies cardiovasculaires lors d’un entretien accordé au cours de notre enquête mené sur le phénomène d’infarctus de myocardes en Afrique et au Sénégal en particulier.
Selon Docteur Manga, «il n’y a pas encore d’études statistiques qui ont été faites au Sénégal pour les maladies cardiovasculaire, notamment à Ziguinchor. Ce qui est connu aujourd’hui dans notre pays à l’instar des autres pays du monde, est l’infarctus de myocarde qui est devenu la première cause de mortalité dans notre pays».
«Pour revenir un peu dans le concept général des maladies cardiovasculaires, il faut souligner qu’aujourd’hui, elles sont devenues la première cause de mortalité dans le monde. C’est devenu un véritable fléau, un véritable problème de santé publique. Au paravent, ces maladies visent le plus souvent les pays développés, mais aujourd’hui, c’est l’inverse. C’est surtout dans les pays sous développés que ces maladies se développent et font plus de morts, donc, aujourd’hui, elles constituent un véritable fléau en particulier en Afrique où elles sont devenues la première cause de mortalité sur toutes causes confondues. De nos jours, les maladies du cœur tuent plus que les maladies infectieuses, donc elles sont devenues la première cause de mortalité dans le monde, dans les pays sous-développés et en Afrique en particularité. Le Sénégal ne fait pas exception à la règle. Les dernières enquêtes qui ont été faites, on montré que les maladies cardiovasculaires sont effectivement devenues les premières causes de mortalité dans le pays comme un peu partout dans le monde actuellement», a souligné Docteur Manga, professeur chercheur à l’Université Assane Seck de Ziguinchor.
Et de poursuivre : «il n y a pas d’étude de donnée exacte des cas des maladies cardiovasculaires à Ziguinchor. Mais pour ma modeste expérience en terme de pratique médicale, je peux vous dire qu’ici en hospitalisation, au moins 25% des cas d’hospitalisation sont engendrés par des problèmes cardiaques».
Sur la question de l’ampleur de ces maladies, aujourd’hui dans les pays sous-développés, l’enseignant chercheur est d’avis : « il faut retenir qu’aujourd’hui, si nous avons connu le phénomène de ces maladies cardiovasculaires en Afrique, c’est parce que tout simplement, nous avons entre temps, changer nos habitudes alimentaires. Nous avons importé, stéréotypé tout ce qui se faisait en occident ; que ce soit la consommation d’alcool, des cigarettes, la consommation des choses hyper sucré ou hyper salée, le stresse … tout ce qui tourne autour de ça qu’on appelle, les facteurs de risques cardiovasculaires. Il y a plein de facteurs de risque cardiovasculaire. On dirait qu’à l’époque, ça n’existait pas chez le noir, mais avec le développement, la mondialisation ce qui fait que toutes ces mauvaises habitudes ont été entre temps copiées par l’homme noir. Aujourd’hui, vous conviendrez avec moi que l’industrie du tabac s’est implantée de façon très importante en Afrique. Elle est protégée parfois par nos Etats et maintenant combattues en occident avec des règlementations qui sont de plus en plus rigoureuses alors qu’en Afrique, ce n’est pas encore le cas. Parfois, on croit même qu’on encourage les jeunes à la consommation du tabac alors que le tabac est un gros facteur de risque des maladies cardiovasculaires. Également, des mauvaises habitudes alimentaires que nous avons importées, tous ça contribuent au développement des maladies cardiovasculaires en Afrique. Je pense que si les gens comprennent bien cela, nous devrons tout simplement modifier nos méthodes de vie».
Selon toujours le cardiologue Simon Joél Manga : «aujourd’hui, la grande question est que : face à ces maladies monstres et très mal connues par nos populations qui sont surprises de voir souvent leurs proches mourir brusquement, il faut des stratégies de communication ou des luttes pour combattre ce fléau qui gangrène l’humanité. Selon les donnés de L’Organisation mondiale de la santé : chaque année, 17,5 millions de morts sont imputables aux maladies cardiovasculaires. Ce chiffre représente 30% des causes de décès dans le monde et cache 7,4 millions de vies prises par les seules maladies coronariennes, celles qui touchent les artères d’alimentation du muscle cardiaque. Lorsqu’elles se bouchent, l’infarctus est inévitable».
Docteur Manga, pense que les stratégiques de lutte normale ne sont pas mises en place. «Je pense vraiment que là où la communauté international s’est engagée à lutter contre les maladies infectieuses, le paludisme, les maladies transmissible dans le monde dont une maladie qui te fait 17, 5 millions de morts par ans, mérite aussi un plan international de sensibilisation avec des stratégiques de lutte efficaces. Voila qu’aujourd’hui, les maladies infectieuses reculent par contre les infarctus de myocardes est en inflation. Il faudra une synergie d’action contre les maladies cardiovasculaires au Sénégal, mais également une volonté politique forte pour éradiquer ces maladies. Et pour lutter contre les maladies cardiovasculaires, il faudra d’abord lutter contre les facteurs de risque cardiovasculaires. Le message n’est pas difficile, il faudra juste amener les gens à avoir une bonne hygiène de vie».
Car «l’infarctus de myocardes est une maladie très grave parce qu’elle tue et rapidement surtout dans les zones désertes médicalement. Il faut retenir que c’est une maladie qui touche d’abord les myocardes. Les myocardes ce sont des muscles cardiaques. Souvent, ce sont des défauts de bonne circulation de sang. Si les artères qui apportent le sang à ces myocardes sont bouchées, les muscles cardiaques ne sont pas correctement servis, donc il se développe des phénomènes de nécroses qui vont entrainer l’infarctus de myocardes. Je crois qu’il y’a une étude qui a montré que l’infarctus de myocardes fait 24% de morts tous les 6 mois, donc vous verrez combien de fois ces maladies sont graves. 24% c’est ¼ des malades qui ont fait des cardiovasculaires qui meurent dans les six mois».
Le phénomène d’artère bouchée
Toujours selon le cardiologue de l’hôpital de la paix de Ziguinchor : «l’athérosclérose est la grande coupable, elle provoque les maladies coronariennes comme l’angine de poitrine, l’arrêt cardiocirculatoire, certaines arythmies et l’infarctus du myocarde. Elle est indolore, progresse silencieusement et sournoisement en déposant jour après jour, pendant des années, des graisses sur la paroi interne des artères. L’évolution de ce dépôt accumule des facteurs de coagulation sanguine, des cellules sanguines et du calcium jusqu’à ce qu’une plaque appelée athérome soit formée. Lorsqu’elle atteint plusieurs millimètres, la plaque d’athérome obstrue partiellement ou totalement l’artère et empêche le sang et son précieux oxygène d’atteindre le muscle cardiaque. Ce dernier suffoque: soit il cesse petit à petit de fonctionner et c’est alors l’angine de poitrine, soit l’occlusion est brutale et c’est l’infarctus du myocarde puis l’arrêt du cœur. Il entraîne la mort si rien n’est entrepris pour le relancer et réactiver la circulation artérielle».
Et de conclure : «selon nos enquêtes au Sénégal, plus de 52% des personnes vivent avec des maladies cardiovasculaires. La plus part des ces personnes ne le savent pas, c’est à chaque fois que la personne tombe malade, soit c’est le paludisme ou un quelqu’un maladie que les docteurs l’informent de son état cardiaque. C’est pourquoi, il est très important que les gens se rendent dans les hôpitaux pour contrôler leur état cardiaque. Les maladies cardiovasculaires sont devenues des véritables assassins au quotidien».
Pape Ibrahima Diassy
