La valise diplomatique : Erdogan,une main d’acier au tronc de caoutchouc

Dans une position des plus critiques depuis des années, ses adversaires étant forts convaincus qu’ils était bon pour la retraite lui reprochant ses politiques économiques peu orthodoxes qui engendraient l’inflation du coût de la vie en Turquie. Il a quand-même pu se hisser en tête de la course à la présidence de 2023 et est pressenti pour conserver son emprise sur le pouvoir.

Il n’y aura donc pas de miracle pour l’opposition turque cette fois. Tayip Erdogan, 69 ans se maintient à la tête de la Turquie pour cinq ans de plus. Selon les résultats portant sur plus de 99,85% des bulletins, il a obtenu 52,16% des suffrages contre 47,84% pour le candidat social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu qui, à 74 ans, a perdu le pari de la « démocratie apaisée » qu’il promettait aux turques durant sa campagne contre Erdogan. Mais l’homme demeure si mystérieux que notre cogito nous conduit vers une question essentielle:

Qui est Recep Tayip Erdogan ?

Né le 26 fevrier 1954 à Beyoglu en Turquie, Recep Tayyip Erdoğan est Cofondateur du Parti de la justice et du développement (AKP), il est Premier ministre de 2003 à 2014 et président de la république depuis cette date. L’homme s’est autant intéressé au Sport qu’à la politique.

En effet, diplômé de l’université de Marmara, il est également joueur de football semi-professionnel entre 1969 et 1982. Parallèlement, il s’engage en politique au sein du Parti du salut national. Élu maire d’Istanbul en 1994 sous les couleurs de la formation islamiste Parti de la prospérité.

Maire de la municipalité de métropole d’Istanbul. Au cours de son mandat en tant que maire, il a produit des bons diagnostics et des solutions aux problèmes chroniques d’Istanbul, l’une des plus importantes métropoles du monde, grâce à ses capacités politiques, son attention au travail d’équipe et sa gestion réussie des ressources humaines et des questions financières.

Le problème de l’eau a été surmonté par l’établissement de centaines de kilomètres de nouvelles pipelines de pétrole; le problème des ordures a été résolu par la mise en place des installations de recyclage ultra moderne ; le problème de la pollution de l’air s’est terminé avec les projets de gaz naturel élaborés au cours du mandat de M. Erdoğan.

Pour résoudre le problème de la circulation et de transports, plus de 50 ponts et autoroutes ont été construits, et de nombreux autres projets qui serviraient de modèle pour les périodes suivantes ont été développés. Prenant des précautions très rigoureuses pour l’utilisation correcte des ressources municipales et pour la prévention de la corruption, M. Erdoğan a payé la majeure partie des dettes de la Municipalité d’Istanbul, qui étaient 2 milliards de dollars.

Le nouvel envol..

Il perd son mandat quatre ans plus tard, lorsqu’il est emprisonné quelques mois pour avoir lu un poème du nationaliste turc Ziya Gökalp. Le 14,août 2001, M. Erdogan, après 4 mois de prison, a fondé le Parti de la Justice et du Développement  »AK Parti » avec ses amis à la suite d’une demande insistante du public et d’un processus de développement démocratique, et il a été élu Président général fondateur du Parti AK par le Conseil des fondateurs.

La confiance de la nation a fait le Parti AK un mouvement politique le plus largement soutenu en Turquie au cours de la première année de sa fondation et l’a porté au pouvoir seul avec une majorité parlementaire de près des deux-tiers environs 363 députés aux élections générales de 2002.

Le bout du tunnel…
Recep Tayyip Erdoğan, en tant que Président générale du Parti AK, a remporté une grande victoire aux élections parlementaires du 22 Juillet 2007 avec 46,6% des votes, et a fondé le 60e gouvernement de la République de Türkiye en obtenant le vote de confiance.
Il est aussi sorti vainqueur des élections du 12 juin 2011 avec 49,8% des votes et a fondé le 61e gouvernement.
Le dimanche 10 août 2014, il a été élu le 12e président de la République de Türkiye au suffrage universel direct et au premier tour

Bilan mitigé…
Après deux décennies à la tête de la Turquie, le bilan est plutôt mitigé. sur trois terrains. Néanmoins trois axes prépondérants ressortent du lot: d’abord, il est arrivé dans un régime plutôt autoritaire démocratique avec la promesse de restaurer la démocratie conservatrice mais parlementaire, avec un élargissement des droits.

Et à l’arrivée, on assiste à l’essor d’un régime hyper présidentiel, très répressif, qui a annihilé toute idée de société civile, museler la presse, une vraie autocratie dont la légitimité maintenue par les différents scrutins. Démocratiquement le pays de Erdogan est encore à la traine joignant à sa marche lente la diplomatie.

En effet, la Turquie faisait partie du G20 depuis 2009, elle était le 17eme PIB mondial. Aujourd’hui, elle est à la 20e position. La Turquie est devenue une puissance régionale mais redoutée par tous ses voisins : la Syrie évidemment, l’Irak, l’Iran, la Grèce… Contrairement à ce qu’Erdogan avait promis dans les années 2000, c’est un pays qui apparaît comme une source de problèmes, et non de résolution de ceux-ci.

Le bilan aurait pu être positif ,mais il n’a su explorer les acquis de sa première décennie à la tête de la Turquie. Néanmoins ce pays à la porte de l’Europe reste encore une dame très convoitée avec à la clé un président qui dirige le gouvernail d’une main d’acier.

 

A LIRE AUSSI :  ELECTION EN TURQUIE : MOUHAMMAD B DIONNE FÉLICITE ERDOĞAN, « UN TRÈS VRAI AMI DE L’AFRIQUE ET DU SÉNÉGAL »

Sara Jupiter-Senegal7